Le GR20 – J12 à J15 – De Porto-Vecchio à Lille

Petit billet bonus !
Samedi 5 août
Le matin, nous nous réveillons dans un vrai lit et sans la perspective de 12h de marche ! Nous fêtons tout ça par un petit-déjeuner puis un repas copieux, avec un cocktail et tout et tout ! Nous nous disons qu’il va quand même falloir freiner notre rythme en sodas et chocolateries (l’essentiel de notre alimentation sur le GR20). Mais pas forcément aujourd’hui, ahah !
Nous passons la journée sur le transat, et profitons un peu de l’eau.
Nous sommes trop fatigués pour faire quoi que ce soit de productif – à part commencer à trier les photos (globalement celles que vous avez vu ici !) et continuer à lire le roman que Michaël avait pris – histoire de tout rentabiliser !
Le soir, après une journée si reposante, nous n’avons pas très faim. Nous prenons 2 crêpes… et Mathilde ne mange pas, car elle ne se sent pas très bien.
Nous pouvons commencer à dater ici les désagréments digestifs probablement liés à notre court séjour à Asinau.

Dimanche 6 août au mardi 8 août
Dès le dimanche matin, nous sommes malades tous les deux, et notre état s’améliore progressivement jusqu’au mardi soir (Mathilde un peu plus rapidement). Nous mangeons en général un plat pour deux (une salade ou une pizza pour deux, une assiette de fruits…). Ce voyage en Corse ne nous aura pas coûté très cher quant aux logements ou à l’alimentation !
Le reste du temps, nous ne faisons pas grand-chose : nous nous traînons de la villa au transat, du transat au restaurant, du restaurant à la villa… Nous allons un peu sur internet tous les deux ; Michaël joue à Mario Run, trie un peu les photos, lit quelques pages, patauge parfois dans la piscine (Mathilde aussi un peu), mais c’est vraiment le minimum en temps normal et le maximum dans notre état !
Le mardi, nous faisons une lessive pour nos vêtements du GR20, histoire que nos sacs soient acceptés dans l’avion de retour.

Mercredi 9 août
C’est notre dernier jour et nous commençons à aller mieux, nous décidons d’explorer un peu l’environnement et allons au Ranch’O Plage à Calla Rossa pour 11h. Il s’agit d’une belle plage sur la partie nord du port de Porto-Vecchio – ville que nous découvrirons uniquement en taxi en allant jusqu’à Figari. A l’aéroport, nous nous achetons 2 T-Shirts GR20 en souvenir – les seuls, à part 4 cailloux (le meilleur souvenir du GR20 est forcément un caillou) et 2 cartes postales. Notre avion a du retard ; jaloux, notre train l’imite. A l’aéroport, les bâtons de marche de Michaël ne sont plus attachés à sac (EasyJet, contrairement à AirFrance, n’emballe pas les sacs de randonnée – ça craint !)… Finalement, Mathilde les aperçoit : ils ont été replacés au-dessus de son sac ! Nous arrivons à Lille vers 22h30… et notre (reposant et romantique) voyage de noces s’achève ici !

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D’après les guides, qu’on adore désormais…
Pas d’étape supplémentaire : Vous avez fini de lire ! Ce blog ne touche aucune subvention d’une entreprise de soda à canette rouge malgré le nombre d’occurrences sur les photos. Merci d’avoir suivi notre petite épopée sur l’île de Beauté ! 🙂 

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Le GR20 – J11 – D’Asinau à Porto-Vecchio

Vendredi 4 août
Le vent a soufflé jusqu’au petit matin et la tente était installée à moitié en pente : bref, nous avons encore passé une merveilleuse nuit, un peu fraîche, tellement réparatrice qu’il ne nous apparait pas utile d’insister au-delà de 5h45.
Après la traditionnelle demi-heure de repli des bagages (avant qu’ils ne s’envolent), nous retrouvons les mouches de la tente pour le petit-déjeuner, et nous nous mettons en route vers 6h40. La qualité de cette nuit nous incite à aller le plus vite possible à l’hôtel, et donc d’essayer de reproduire l’exploit de la veille : doubler une étape…

La quinzième consiste en une longue descente de 1500m à 1000m, mais avec plusieurs « rebonds » jusqu’à 1200m (au total, nous avons 840m de dénivelé positif pour une étape qui est censée commencer à nous ramener vers la ville !) Pour nous aider moralement, le premier panneau indique que « Foce di Bavedda » est à 3h de route (il est 7h14) et le suivant nous l’indique à 4h (il est 8h29). A priori, nous avons donc pris l’itinéraire long… Peu à peu, l’eau nous manque et nous utilisons une pastille de purification après avoir pris de l’eau à une source (seul Michaël en boit un peu).

Nous arrivons vers 12h15 au restaurant des Aiguilles de Bavella, sur un site touristique, où nous prenons une bonne assiette de spaghettis à la bavera (tous les repas du soir que nous avons eu étaient à base de pâtes, ça a un côté très italien qui n’est pas pour nous déplaire !) Nous prenons également 2 crêpes au nutella en dessert, parce que c’est évidemment un plat idéal avant de faire un semi-marathon. Nous sommes parmi les très rares randonneurs du GR20, perdus dans une foule de touristes et promeneurs : nous avons un peu l’impression que quelqu’un a fait un cinq ou un huit et nous a délivré de Jumanji…

Nous repartons plus d’une heure plus tard – rechargés en eau des sanitaires donc ! – et arrivons au dernier refuge à 15h30 : Paliri. Ils ont nettoyé leur cuve à eau le matin donc ils n’ont plus de douche ni de source – il reste un tuyau à petit débit où nous pouvons refaire à nouveau le plein en eau, canicule oblige. Nous faisons une pause pour le goûter et nous posons la question de faire la dernière étape…
Mathilde se dit : « Ne t’inquiète pas pour le lendemain, à chaque jour suffit sa peine » ; Michaël pense : « Ce qui sera fait aujourd’hui ne sera plus à faire demain ». Les deux idées sont difficiles à associer !
Nous décidons de repartir, malgré l’heure avancée : encore une fois, nous avons déjà raté la nuit d’hôtel hier soir, et le GR20 commence à se fermer derrière nous (nous craignons de ne plus pouvoir partir si on attend encore). Normalement la dernière étape est fermée à cause de la canicule, mais à cette heure-ci, le soleil tape moins donc nous pouvons y aller…

– Mais vous avez du courage, moi je ne le ferais pas… (nous dit l’employé du refuge).
– Et c’est facile comme on imagine la dernière étape ? C’est tout en descente normalement… Je veux dire, il n’y a plus de cailloux ou de trucs comme ça ? (demande Michaël, plein d’espoir).
– Eh si mon gars ! Ca se mérite, le GR20 ! Il y a toujours des cailloux ! Jusqu’au bout !

Après le départ pour la seizième et dernière étape à 16h25, nous appelons l’hôtel Kilina pour les prévenir de notre arrivée nocturne (21h30 au mieux à Conca, donc 22h à l’hôtel) – la chambre sera ouverte et une enveloppe nous attendra sur la porte de l’accueil.
L’étape débute assez facilement, mais elle comporte encore quelques montées raides un peu inattendues – comme nous l’annonce un couple qui monte à Paliri (par exemple au 4ème kilomètre, nous remontons à notre altitude de 1000m, puis ce sont des petits dénivelés de 20-30m qui se succèdent et nous épuisent les jambes et le moral…)
Par la suite, les courts plateaux enchaînent avec les descentes sur des cailloux, des rochers, des pierres, et tout ce qui nécessite d’être vigilant quand on porte un sac de plus de 10 kg. Mathilde a de plus en plus mal dans les descentes et reste prudente (comme Michaël à J6) : nous avançons donc lentement. Après avoir écouté les playlists du téléphone de Michaël les deux jours précédents (une idée efficace pour se redonner de la force quand nous étions épuisés !), nous attaquons celle de Mathilde. A 20h, nous sommes à 691m, à 4,5 km de Conca à vol d’oiseau… Une petite heure plus tard, nous commençons à allumer nos lampes frontales. 

Vers 21h30, à l’heure prévue d’arrivée, nous sommes encore en pleine descente, a priori à 1h du bout… Michaël commence à appeler plusieurs numéros de taxis : aucun n’est disponible pour une course vers 23h de Conca à Porto-Vecchio ! Gloups… Tout ça pour dormir à Conca ?! Alors que nous sommes encore autour de 500m d’altitude, le moral de Mathilde fait déjà de l’apnée dans la Méditerranée.
Finalement, après 5-6 appels, nous obtenons le numéro de téléphone de Mathieu, un chauffeur de taxi Corse qui bosse parfois les nuits. Il accepte de nous conduire à l’hôtel…
Bien… Le dernier problème reste donc de finir le GR20 ! La dernière heure reste pénible jusqu’au bout. Nous traversons enfin la Bocca d’Usciolu à 22h et voyons la ville en contrebas ! Une demi heure plus tard, nous arrivons enfin sur la route départementale de Conca. Et… et c’est tout ? Aucune banderole pour nous accueillir ? Où est le panneau de félicitations que nous avons vu sur le Facebook d’un ami qui l’a fini l’été dernier ?!

Mais nous ne sommes pas encore perdus… Il reste des marques blanches et rouges ! Tels deux lemmings, nous poursuivons sans fin sur la route indiquée… Pendant 20 minutes, nous serpentons littéralement à travers la ville, passons près d’un restaurant « Soleil Levant », autour de l’église, dans la moitié des rues de la ville… C’est une fin particulièrement étrange, puis les marques s’arrêtent. Et nous arrivons au gîte d’étape de Conca.

– Cliente : Vous avez fait le GR20 ?
– Nous (en fait Michaël, Mathilde était assise) : Oui !
– Client : Depuis Vizzavona ?
– Nous : Non, depuis Calenzana !
– Cliente : Ah, en entier ! C’est bien, ça ! Bravo ! Vous devez être contents… Et en combien de jours ?
– Nous : 11 jours…
– Cliente : Bravo ! Reposez-vous bien !

Tu m’étonnes !
Après avoir demandé une dizaine de fois à Mathilde si elle en voulait un, Michaël va s’acheter un Coca-Cola (c’est moins cher ici que sur les étapes du Sud, elles-mêmes moins chères qu’au Nord…) Il en profite pour demander à la barmaid où est le panneau d’arrivée, celui qui dit « vous avez parcouru environ 180 km » (193 km selon le GPS de Mathilde, 251 selon celui de Michaël qui semble posséder des gènes marseillais).

– Ah le panneau d’arrivée ! Vous l’avez raté : il est sur un des murs du « Soleil Levant ».

Bon, tant pis… Cinq minutes de marche aller-retour, c’est un peu trop pour une photo ! Nous en faisons quelques-unes, assis piteusement avec nos lampes frontales sur le parking du gîte.
Nous avons fini le GR20… Ca y est !

Le taxi arrive vers 23h15. Il nous félicite et nous nous excusons pour notre état… « C’est pas grave, ça se nettoie les sièges ! » nous répond-il. Il s’étonne que nous ayons fini le GR20 car il a entendu dire qu’il était fermé intégralement et qu’il y avait des évacuations dans tous les sens…
25 minutes plus tard et pour à peine plus cher que le taxi à l’aller (45€), nous arrivons à l’hôtel Kilina. Sa piscine et ses lumières bleues nous promettent un beau séjour…
Notre appartement nous attend… forcément tout au bout du parc !
Après une bonne douche, nous massons ces jambes et pieds qui ont parcouru plus de 30 km aujourd’hui – la plus longue distance du GR20. Nous avons réussi à doubler une étape, deux fois de suite… Et ce soir, nous dormons dans un vrai matelas ; Mathilde est contente et remercie Michaël d’avoir insisté pour finir, malgré tout. Aucun vent à l’extérieur, pas de cailloux sous notre dos. Eh bien, vous savez quoi ?

On a bien dormi.

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D’après les guides que nous aimons bien un peu finalement…
Etape 15 : d’Asinau (1540m) à Paliri (1050m) : 840m de dénivelé (1300m de descente) sur 15,7 km, prévu en 6h

Etape 16 : de Paliri (1050m) à Conca (225m) : 530m de dénivelé (1320m de descente) sur 14 km, prévu en 5h30 

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Le GR20 – J10 – D’Usciolu à Asinau

Jeudi 3 août
Cette double étape est sans nulle doute la plus difficile du Sud, car la plus longue. Comme nous le disons depuis le début, nous avions 3 guides à disposition :

  • le classique topo-guide (Fédération française de Randonnée) qui fait le GR20 en 16 jours : il coupe cette étape à A Matalza ;
  • le guide « GR20 : le grand chemin » (Albiana), un peu plus littéraire avec des photos de faune et flore qui finit le GR20 en 15 jours et double cette étape ;
  • enfin, nous avons pris en photo les relevés de dénivelés dans « le guide du GR20 » (Clémentine Evasion) qui tronçonne le GR20 en 16 étapes et arrête celle du jour à I Croci.

Prévoyants et optimistes (nous allons réussir enfin à doubler une étape !), nous nous sommes donc encore levés vers 6h20 pour prendre la route une petite heure plus tard. C’est aussi un moyen d’éviter un peu les trop fortes chaleurs – le 1er août ayant eu le record de la nuit la plus chaude jamais enregistrée en France par exemple…

Nous pouvons partir et nous laissons derrière nous (sur notre droite) les feux de forêt qui sont contenus à deux endroits mais s’étendent vers le Nord, et ne pourront pas être éteints avant plusieurs jours. Dans les pins, les incendies se disséminent rapidement et peuvent sauter de plusieurs centaines de mètres au gré du vent et des projections de pommes de pin ! Au total, il y aura eu 38 incendies en Corse (souvent par malveillance) entre notre départ et notre retour – sans compter ceux encore actifs déclenchés avant…

38 incendies en Corse sur notre séjour (d'après le site http://www.promethee.com/incendies)
38 incendies en Corse sur notre séjour (d’après le site http://www.promethee.com/incendies) ; 2B = Haute-Corse (Nord), 2A = Corse-du-Sud (Sud), sachant que nous étions en 2B avant le 31 juillet et en 2A ensuite.
Au début du parcours, nous rencontrons des randonneurs qui viennent du Sud et ont dû faire demi-tour hier (il ne leur a pas été autorisé d’aller jusqu’à Usciolu)… Ils savent qu’ils resteront bloqués là car les étapes suivantes sont fermées pour quelques jours.

L’étape commence sur des crêtes pendant 4 km, avec des passages particulièrement techniques qui nous rappellent un peu les premiers jours… Au pied d’une falaise, Michaël trouve des lunettes de soleil.

Une fois le passage en crêtes passé, nous descendons vers 1300m jusqu’aux bergeries de Bassetta, près d’A Matalza. C’est l’occasion de s’arrêter de 13h à 13h45 pour manger un bon repas et discuter avec un sympathique berger, qui s’intéresse à notre parcours. De façon amusante, l’autre responsable du gîte-restaurant ne connait pas bien le GR20 (il n’y a qu’une petite vingtaine de lieux où s’arrêter pour le sentier, donc on imagine à tord que tous ceux qui en vivent le connaissent par coeur !)

Nous repartons en direction d’I Croci où nous arrivons vers 15h20, après un parcours assez agréable. Michaël montre les lunettes de soleil récupérées, mais le propriétaire n’est pas là. Le responsable du site dit que ça serait peut-être à quelqu’un venu la veille et qui serait donc plutôt parti vers le nord à Usciolu (on s’en fiche un peu, mais c’est juste pour que vous compreniez pourquoi j’ai 2 paires de lunettes de soleil sur les photos !)… Le même responsable, en nous vendant 2 Ice Tea, nous met en garde…

– Vous devriez rester ici…
– Oui, mais nous avons un hôtel réservé à partir d…
– C’est la canicule, ça tape encore fort à 16h !
– Oui, mais l’hôt…
– Le refuge d’Asinau a brûlé il y a quelques années, il ne reste plus que des tentes…

Malgré tout, nous avons envie de finir ce GR20 pour enfin mettre nos pieds dans la piscine de l’hôtel Kilina ! Nous en avons d’ailleurs appelé la réception le matin, pour leur signaler que nous ne serions pas là ce soir, mais que nous arriverions sans doute demain soir (bel optimisme !) ou samedi matin – « merci de nous garder notre réservation » ! Nous avons d’ailleurs profité du réseau téléphonique pour envoyer un message d’anniversaire à Brian (comme hier nous avions souhaité l’anniversaire de mariage d’Alain et Cécile, et appelé nos parents, histoire de rester en contact avec la civilisation !)

Nous repartons donc à 15h50 pour l’étape 14 qui monte de 1545m à 2025m en 5,5 km (encore une pente à 10° donc) annoncés en 2h30 sur les panneaux indicateurs. Cette première partie est assez plate et agréable. Nous croisons un randonneur qui cherche ses amis et nous demande de les guider le cas échéant… Nous les voyons 30 minutes plus tard, et leur parlons. En échange de notre information, ils nous révèlent les plus grands secrets d’Asinau…

– Ne prenez pas d’eau à Asinau ! Si vous en prenez, mettez des pastilles de décontamination… Vous en avez ?
– Euh, non…
– Tenez, prenez-en. Il faut laisser 30 minutes agir. Mais surtout, surtout, ne prenez pas d’eau ! Tous ceux qui en ont bu chient vert depuis.

Je reprends leurs mots, je suis désolé… La montée au-delà des 1800m est comme toujours plus ardue, avec des gros cailloux, des passages plus raides.
Néanmoins, pile dans les temps malgré nos petites pauses alimentaires ou digestives (c’est dur de marcher après la bergerie), nous arrivons au col Bocca Stazzunara à 18h20 – le dernier sommet de plus de 2000m du GR20 ! De là, nous avons la possibilité de monter à l’Alcudina (2134m), le plus haut sommet de la Corse-du-Sud ; toutefois, comme pour le Monte Cintu (2706m) en Haute-Corse, nous savons résister à ce genre de petits plaisirs, merci pour la proposition.

Il nous reste ensuite 1,8 km pour redescendre à 1540m (soit plus de 25°, la moitié du taux d’alcool dans les boissons consommées quotidiennement par les concepteurs du parcours).
Moralement, cette dernière partie est un peu compliquée car :

  1. tout le monde nous a dit que la descente était raide et difficile,
  2. nous voyons le refuge depuis le sommet (comme souvent, et c’est dur de le voir si près et si loin…)
  3. le guide nous indique 1h de descente, le panneau indicateur 1h30… vous verrez sur les photos où nous en sommes à 1h30 !
  4. nous croisons plusieurs randonneurs qui ont fait la montée en 1h30 et nous descendons maintenant moins vite que nous montons ;
  5. ces randonneurs nous disent qu’ils sont partis tard d’Asinau dans l’espoir de rejoindre I Croci, car « ils ne veulent pas rester dormir là », ce qui commence à faire beaucoup pour un seul site.

Comme attendu, la dernière descente est donc particulièrement difficile pour les pieds et pour le moral.

– Mathilde (en s’asseyant dans une pente à 25°) : « Ca fait 1h30 qu’on marche et on est encore super loin ! Je m’en fiche, je m’arrête là. »
– Michaël : « On ne peut pas mettre la tente ici… »
– Mathilde : « Je me mets dans le sac de couchage et je finirai demain ! Et il est hors de question qu’on double demain ! »

Une fois la fatigue surmontée temporairement, nous nous remettons en marche et arrivons au refuge à 20h20 après plus de 20 km (22 km selon le tracé, 21 km selon le GPS de Mathilde et 25 km selon celui de Michaël…) – soit notre 2ème plus longue distance après le 1er août (où nous en avions fait 7 de plus environ) ! L’étape 14 n’aura duré que 4h30 sur les 4h annoncées sur les panneaux, ça n’est pas si mal finalement !
Comme attendu, le lieu n’est pas étoilé au guide Michelin et un hygiéniste ne tiendrait pas 10 minutes avant de fuir en courant. Contrairement à ce qu’on avait compris, le gardien est toutefois sympa et accepte de nous préparer un repas du soir rien que pour nous…
La douche ne nous inspire pas confiance donc nous décidons de passer notre tour. Nous avons gardé un peu d’eau depuis I Croci, donc nous ne rechargeons ni nos gourdes ni nos poches à eau pour éviter d’être malades – il ne manquerait plus que ça pour valider toutes les cases de « pire voyage de noces de tous les temps », ahah !

A Asinau, trouver un emplacement a aussi été le dernier défi de la journée : là encore, nous avons eu la chance de trouver un lieu particulièrement proche de déjections canines, étrangement délaissé par les autres randonneurs. Le vent souffle, et il est déjà difficile de monter la tente… ça promet pour la nuit ! Avec un peu de chance, ce sera la dernière sous la tente… mais ça, vous le saurez demain !

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D’après les guides, dont 2 séparaient les étapes, et le troisième les réunissait
Etape 13 : d’Usciolu (1745m) à I Croci (1545m) : 790m de dénivelé (990m de descente) sur 14,7 km, prévu en 6h

Etape 14 : d’I Croci (1545m) à Asinau (1540m) : 550m de dénivelé (560m de descente) sur 7,3 km, prévu en 3h30 

Pssst, joyeux anniversaire de 20 ans à Clémence ! 

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Le GR20 – J9 – De Bocca di Verde à Usciolu

Mercredi 2 août
Le rendez-vous pour le petit-déjeuner est à 7h, non négociable. Nous nous levons un peu plus tôt, avec le rituel habituel :

  • « gzzrslprigervin, qu’est-ce qu’on fait là ? Il est trop tôôôôôôôt ! « 
  • Mathilde ouvre la tente et met ses affaires à l’extérieur (chaussures, bâtons, sac à dos, sac de couchage, matelas…)
  • Michaël émerge 5 minutes après, récupère ses lunettes en équilibre sur son sac pour éviter de les casser, range le chargeur externe, enfile un vêtement un peu chaud, remets les chaussettes de la veille en se disant qu’il serait peut-être temps de permuter avec une des deux autres paires, et sors ses affaires comme Mathilde,
  • Mathilde roule les sacs de couchages et matelas ; Michaël replie la tente ; tous deux tentent de les ranger dans leurs emballages respectifs, et Michaël arrache de plus en plus la toile du sac (qui avait été abîmé lors d’une descente facile à J6)…

Pendant ce temps, les sacs chutent invariablement dans le sable ou la terre, et deviennent très poussiéreux. Afin d’éviter de salir nos sacs de couchage, nous nous douchons le soir (hors bivouac) ; mais en pratique, après avoir rangé les affaires et avoir mis notre sac sur le dos, nous sommes déjà moins propres à 7h du matin ici que si nous avions une coupure d’eau pendant 1 semaine chez nous…

Après le petit-déjeuner commun, nous grimpons d’environ 500 mètres pour arriver au refuge de Prati, un peu avant 10h. Nous achetons notre repas du midi (salades et snickers) et nous nous asseyons quelques minutes.
Mathilde boit un jus d’orange pour compléter le petit-déj’, et Michaël un Coca-cola qu’il a brillamment réussi à faire tomber sur un rocher, et qui fuit donc par le côté. Bien sûr, il s’agit d’un Coca « normal » : il n’est question ni de light ni de zéro sur le GR20 – sentier où les muscles brûlent tellement de sucres que les randonneurs suent du caramel. Pour accompagner nos boissons, Michaël finit la plaque de crunch de la veille et Mathilde finit pour son goûter de 10h le fromage croûteux de son énorme sandwich (elle jette le pain et probablement que plusieurs oiseaux se sont cassés le bec dessus ensuite). Nous coupons peu à peu les  liens avec une hygiène de vie normale.

Nous enchaînons avec la 12ème étape, en direction d’Usciolu – pour une fois en partant tôt ! A partir de 11h, nous montons de 1812m à 2041m, puis descendons à 1500m, puis remontons à 1954m pour redescendre à 1700m… Bref, ils ne savent pas ce qu’ils veulent ! Nous passons par des passages en crêtes qui sont parfois délicats pour l’équilibre et indélicats pour les pieds.

Vers 16h30, lors d’une pause, Mathilde trouve que le nuage de fumées sur notre gauche à des couleurs étranges… qui lui rappellent étrangement celles de notre arrivée (incendie de Biguglia du 24 juillet) ! Nous avançons un peu et voyons un feu qui se déclare à quelques petits kilomètres en contrebas (Afa ou Appietto). Craignant l’expansion du feu vers nous, Mathilde accélère (autant que possible) et nous ne faisons quasiment plus de pause en poursuivant notre parcours en crête. Ca reste sans réel danger pour nous : nous sommes en hauteur sur des cailloux (sans arbre donc !) et nous changeons de versant dans le sens de l’éloignement par rapport au feu.

Nous voyons les avions bombardiers d’eau (Canadair) tenter de circonscrire le feu, ce qui semble bien difficile… Plusieurs hélicoptères passent également à proximité, et semblent observer où nous en sommes et où nous allons (des randonneurs entre Prati et Usciolu – plus bas que nous – ont été évacués ce jour-là…)
Finalement, nous avons bien fait de « forcer » à plusieurs reprises, et repartir tôt ce matin… si nous avions avancé un peu moins rapidement, c’était fini pour nous le GR20. Nous pensons aussi à ceux qui sont restés derrière nous malgré leur meilleur pas (comme le gars du Monte Cintu, ou ceux du GR5 qui poursuivaient avec leur fille après Vizzavona) ; tous ont dû être bloqués et éventuellement évacués… Evidemment, c’est un peu anecdotique par rapport au désastre de ces incendies criminels, mais ça reste vraiment dommage pour les randonneurs.
Nous voici donc soulagés d’être de l’autre côté du feu, pour pouvoir poursuivre la randonnée qui nous fait quand même un peu souffrir… Quelle ambivalence !

Nous arrivons à 18h30 au refuge d’Usciolu, juste à temps pour acheter 2 assiettes du repas commun de pâtes aux carottes (ils avaient heureusement prévu plus que ce qui avait été commandé)… Après neuf jours de marche intensive, c’est donc notre premier repas pris un soir dans un refuge en même temps que les autres randonneurs ! Ils discutent bien sûr de l’incendie, plus comme une rumeur qu’autre chose, car nous n’avons pas vraiment d’informations… A priori, nous sommes ceux qui l’ont vu de plus proche d’ailleurs, la plupart étant déjà au refuge vers 16-17h.

Nous allons ensuite chercher une place pour notre tente, et comme d’habitude c’est compliqué… Nous tournons un peu dans le « terrain de camping », qui pourrait être un circuit de randonnée pour alpiniste dans tout autre département mais qui s’appelle ici de façon exotique « zone de bivouac ». Nous avons le choix entre une presque-place proche d’excréments d’animaux (on espère en tout cas), et une non-place inclinée à 5° au milieu du chemin et à côté des sanitaires. Face à ce choix royal, nous optons pour la seconde place.

D’habitude, nous arrivons plus tardivement : quand les randonneurs se douchent, nous mangeons et quand ils dorment, nous nous douchons… Cette fois, comme à l’Onda, nous devons faire la queue pour se laver à l’eau froide ! Nous en profitons pour parler avec deux jeunes qui font le circuit depuis le Sud. Ils se sont trop chargés apparemment (l’un a embarqué plusieurs « Harry Potter » et une caméra), et l’ont commencé comme nous, sans trop se rendre compte dans quoi ils s’engageaient !

Ils nous interrogent sur d’où on vient et en combien de temps (12 étapes en 9 jours : « costaud… » nous disent-ils), et bien sûr sur le parcours… Nous en avons croisés régulièrement, des randonneurs venus du Sud : quand nous avons commencé, ils finissaient, avaient l’air assez épuisés, et nous avions hâte d’être à leur stade… et plus nous avançons, plus le schéma s’inverse, forcément ! Cette fois, ce sont eux qui nous envient et nous posent plus de questions !
Nous en posons aussi sur la suite du parcours, mais plus nous avançons et plus nous nous rendons compte qu’il n’y a pas d’étapes faciles : la technicité diminue mais les étapes sont plus longues et nous sommes surtout plus fatigués…

Les deux jeunes randonneurs espèrent faire le GR20 en 11 jours… Nous leur disons que c’est également notre projet car nous comptons faire les 4 dernières en 2 jours… Mathilde n’y croit pas, et ne veut pas doubler la dernière.
Elle a raison : nous devrions peut-être nous rappeler que nous n’avons jamais réussi à doubler une seule étape…

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D’après les guides que nous hésitons de plus en plus à ouvrir par crainte de voir que nous sommes plus proches du départ qu’espéré…
Etape 11 : de E Capanelle (1630m) à Prati (1812m) : 1100m de dénivelé (880m de descente) sur 18,1 km, prévu en 6h30

Etape 12 : de Prati (1812m) à Usciolu (1745m) : 1040m de dénivelé (1130m de descente) sur 11,5 km, prévu en 5h45 également

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Le GR20 – J8 – De Vizzavona à Bocca di Verde

Mardi 1er août
Après un petit-déjeuner offert par le sympathique responsable de l’hôtel (un geste commercial après le repas et la chambre), nous repartons dès 8h15. A l’hôtel, comme d’autres nuits sous la tente depuis quelques jours, nous nous sommes massés les pieds avec notre pommade anti-ampoules… Elle a probablement contribué à former des peaux épaisses qui se détachent encore, 2 mois plus tard !
Nous avançons bien aujourd’hui – et c’est un euphémisme ! Nous débutons les étapes du Sud, qui sont certes (parfois) (un peu) moins difficiles mais aussi (souvent) (beaucoup) plus longues…
Le sentier monte dans les bois initialement – d’où nous étions sortis hier pour rejoindre la ville de Vizzavona. Il commence par une longue montée de 900m à 1600m en 6 km, avant de poursuivre pendant 8 km sur des hauteurs entre 1450m et 1650m environ. Nous arrivons enfin à E Capanelle vers 14h20.

Pour la suite, vous commencez à nous connaître… Mathilde veut s’arrêter là, se reposer et repartir le lendemain pour faire une étape par jour ; Michaël dit qu’on ne fera rien de spécial et qu’on ferait mieux d’avancer pour pouvoir profiter de l’hôtel ensuite ; Mathilde dit d’accord mais qu’elle va sûrement râler dans l’après-midi ou la soirée…

Bref, nous décidons de poursuivre en direction de Prati… qui est à 18 km de là ! Nous savons bien sûr que nous n’irons pas au bout (vous avez la réponse au billet d’hier !), mais il y a un refuge privé à Bocca Di Verde, aux 2/3 du parcours et avant la grande ascension de l’étape 11… Le responsable de l’hôtel hier nous a dit que ce refuge avait reçu de bons commentaires de ses clients – en nous précisant quand même que ça faisait très loin.

Et effectivement, il a raison ! Nous nous perdons pendant 20 minutes (près de l’arbre de la belle photo ci-dessous) – c’est la 2ème fois du GR20 où on perd du temps comme ça. Cette fois, la cause est une fantaisie dans le marquage pourtant irréprochable jusque là (pour faire simple, ce qu’on prend pour une flèche est une croix indiquant de ne pas aller plus loin – ce qu’il n’y avait jamais avant… et un peu plus loin, la même croix signifiera une flèche ! o_O »)
(Oui, nous employons encore des vieux smileys comme au début des années 2000, mais en même temps, nous tenons un blog, donc c’est cohérent).

Les jambes nous portent péniblement sur les derniers kilomètres, nos pieds font mal à chaque pas et nous désespérons de voir le toit du refuge… Finalement, nous arrivons vers 21h à Bocca di Verde, après plus de 33 km selon le GPS aujourd’hui (26 km d’après le guide, mais faut-il vraiment les croire ?) Nous avons pu éviter l’utilisation de la lampe frontale au moins et sommes à 10,7 étapes sur 8 jours…
Mathilde ne veut plus doubler les étapes, et surtout pas la dernière… Tant pis pour l’hôtel de Porto-Vecchio ! On n’y restera qu’un jour ou deux, et basta (ou ajacco, au choix). C’est probablement le voyage de noces le plus usant qu’on puisse imaginer à notre niveau.

Devant nos mines déconfites, le patron accepte de nous faire 2 sandwichs (en fait, vous verrez, c’est un pain rassis entier coupé en deux dans le sens de la longueur, avec du fromage – croûte incluse – ou de la charcuterie bien grasse dedans… ils sont complètement fous ! En même temps, à ce stade, on aurait mangé nos chaussures, donc ça passe). Juste avant, l’expérience aidant, nous installons notre tente… Et en l’ouvrant, on retrouve à l’intérieur notre petite lampe dynamo de poche que nous pensions avoir perdu hier soir !
Là encore, nous éprouvons quelques difficultés pour trouver une place ; nous nous mettons à nouveau juste à côté d’une autre tente. La dernière fois que nous avons fait ça (J3), le vent nous a gâché la nuit, la tente menaçait de s’envoler et le matelas de Michaël s’est percé… Que se passera-t-il cette fois ?
Vous le découvrirez en revenant ici demain !

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D’après les guides (en fait surtout d’après un guide pris en photo dans l’hôtel qui indique très bien les dénivelés et que j’utilise depuis le début de ce récit)
Etape 10 : de Vizzavona (910m) à E Capanelle (1630m) : 1030m de dénivelé (400m de descente) sur 14,3 km (!), prévu en 5h

Etape 11 (en cours) : de E Capanelle (1630m) à Prati (1812m) : 1100m de dénivelé (880m de descente) sur 18,1 km (!!), prévu en 6h30

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Le GR20 – J7 – De L’Onda à Vizzavona

Lundi 31 juillet
Nous commençons la matinée par une longue montée. Nous croisons le randonneur anglais, qui me donne un conseil sur la tenue du sac à dos : le serrer davantage au bassin, le remonter… Vous verrez éventuellement une différence entre les photos avant et après ! Il faut bien dire que nous avons tâtonné dès le départ, en tirant un peu en haut, sur le côté, pour que ça soit à peu près confortable… Finalement, il semble qu’un sac plus serré au niveau des hanches se porte mieux ! La montée dure 2,5 km environ, pour passer de 1480 à 2020m (Muratellu). Nous voyons quelques randonneurs en haut, qui se reposent également de cette épuisante (et parfois difficile) ascension !
Dans la descente de 2020 à 910m qui s’ensuit, nous n’allons pas très vite (douleurs de genoux et de pieds). Il s’agit à partir de là d’une longue étape, à défaut d’être aussi difficile que les premières.
Nous traversons les Cascades des Anglais, un très beau site où nous faisons même une halte pour rafraîchir nos pieds vers 15h (et surtout pour s’arrêter…) Dans la forêt qui suit les Cascades, nous lisons les premiers panneaux « GR20 Nord – GR20 Sud »… Ce soir, nous aurons fini la première partie !
Nous arrivons enfin à Vizzavona. Nous repensons bien sûr à notre planification du GR20, 4-5 mois plus tôt :

– Michaël : Tu vois, Vizzavona, c’est une ville… il vaut mieux qu’on double directement depuis L’Onda pour ne pas s’arrêter là… poursuivre uniquement avec la tente, parce que si on dort à l’hôtel, ça va nous casser le rythme…
– Mathilde : Ah oui, tu as raison !

A peu de choses, nous nous étions vraiment dit ça ! Tu parles ! Nous prenons sans hésiter une nuit à l’hôtel Le Vizzavona. Et juste avant, pour fêter notre premier contact avec une ville depuis 7 jours, nous allons boire un soda sur la terrasse d’une épicerie, face aux rails de la gare – nous espérons voir un train, respirer un peu de pollution pourquoi pas, mais il y a peu de passage 🙁 Tant pis, nous retournons jusqu’à l’hôtel – et croisons d’ailleurs les randonneurs du GR5 (ils ont doublé l’étape avec celle d’hier après-midi, et ils ont l’air un peu fatigués mais sans plus).

Nous pouvons appeler nos familles pour annoncer notre progression. Nous sommes à 9 étapes en 7 jours, et nous avons décidé de poursuivre (il parait que le GR20 du Sud est plus simple, ça serait dommage… et puis l’intérêt réside aussi dans l’association Nord + Sud, plutôt que le faire en deux fois – d’après Michaël, avis non partagé par Mathilde !). Comme il semble peu envisageable de faire les 7 dernières étapes en 2 jours, nous contactons l’hôtel de Conca (et Booking.com) pour annuler la chambre d’après-demain… Contre toute attente, l’annulation est faite !

Après le repas en terrasse, nous remontons nous doucher (pas besoin de jeton pour avoir de l’eau vraiment chaude !) et nous coucher dans un vrai lit avec un authentique matelas… Un avant-goût du repos qui nous attend au bout du GR20 du Sud !

Demain, nous tenterons à nouveau une double-étape… Y parviendrons-nous pour la première fois de notre voyage de noces ?

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D’après nos amis les guides que nous transportons gentiment et qui nous le rendent en nous mentant sur les temps de trajet quand même
Etape 9 : de l’Onda (1435m) à Vizzavona (910m) : 760m de dénivelé (1330m de descente) sur 11,4 km, prévu en 5h30

Et bonne fête aux Michaël… ^^

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Le GR20 – J6 – De la brèche de Capitello à L’Onda

Dimanche 30 juillet
Ce deuxième bivouac sauvage s’est très bien passé ; nous nous sommes couchés tôt (autour de 21h) et nous pouvons donc repartir vers 6h30 ce matin, non sans profiter du joli spectacle offert par les deux lacs que nous surplombons.
Après l’épuisante escalade d’hier soir, nous pensons que la suite va être plus calme… Que nenni ! La reprise est encore très escarpée avec des passages plus techniques que jamais : des chaînes, des parois verticales plus hautes que nous, nécessitant de ranger et reprendre nos bâtons en alternance… Il y a plus loin un passage où il faut passer sous un rocher posé contre la paroi montagneuse (Mathilde est passée dessous, après que Michaël l’a contourné avec difficulté – pas de photo, désolé, on s’échinait à survivre).
Nous arrivons finalement à Petra Piana pile à 12h (une chance, car une demi-heure plus tard, l’épicerie ferme pour que les gardiens déjeunent !). Nous y recroisons les randonneurs qui avaient fait le GR5 ainsi que le randonneur britannique brûleur de cordes… Les premiers resteront là pour aujourd’hui, et le deuxième poursuivra la route.

Après une courte pause, nous repartons également en direction de L’Onda par le chemin classique dans la vallée (il existe une variante alpine, plus courte mais plus escarpée, qu’emprunteront la plupart des randonneurs le lendemain pour gagner du temps et doubler l’étape). Cette fois, c’est Mathilde qui attend Michaël qui boitille dans la longue descente initiale (1840 à 1000m environ en 7 km), et réclame des pauses de plus en plus rapprochées… Nous prenons beaucoup de retard avant d’arriver à une maison en pierre, où nous croisons 3 randonneurs (dont un couple qui s’arrête à Vizzavonna et ne se voyait pas poursuivre). Nous les recroiserons un peu plus loin en train de se baigner et de laver leur linge dans un cours d’eau !

Pour une fois, ça n’est pas tant la difficulté du terrain que la blessure due aux jours précédents qui nous ralentit. Allons-nous subir la « malédiction du genou », qui a poussé le randonneur croisé au Monte Cintu à s’arrêter à Vizzavonna lors de sa première tentative ? Allons-nous devoir refaire tout ça dans 5 ans ?! NoOoOOoooOOOooooN ! Argh non ! Pas le granit rose ! PAS LE GRANIT ROSE !
Pendant que Michaël boitille, Mathilde se demande à nouveau s’il ne faudrait pas arrêter à Vizzavona et prendre un transport jusqu’à Conca… Mais nos plans de table n’auraient plus de sens, nous ne pouvons donc pas faire ça. Tant pis pour nos pieds !
Dans le parcours plutôt simple de début d’après-midi (mais douloureux pour les genoux car tout en descente), Michaël arrache sur des petits sapins le sac contenant la tente, en s’asseyant pour descendre un petit rocher… il n’y a heureusement qu’un petit trou sur le sac et sur le côté de la toile recouvrant la tente (pas de risque de pluie à l’intérieur donc !) Le sac sera d’ailleurs arraché à plusieurs reprises, également une fois en « tassant » un peu trop énergiquement… Mais il a tenu jusqu’au bout et a été « suturé » après la fin de randonnée, avec le fil de secours pris « au cas où », lors des derniers jours de repos en Corse…
L’étape se termine par une lente montée en forêt (on remonte de 1000m à 1435m sur 4 km environ)… Dans l’ascension, nous croisons le petit-fils du gardien du refuge, un petit garçon de 8 ans environ qui tente d’augmenter le débit d’eau de la source avec une feuille (c’est très sec en ce moment – d’où les incendies au Nord à notre arrivée). Il nous dit que le refuge est à 45 minutes. Quand nous lui indiquons le temps que nous avons mis depuis la passerelle précédente, il nous dit que nous n’allons pas très vite…

Nous atteignons finalement le refuge de L’Onda après une heure de montée plus tard (et 500m de dénivelé), vers 19h30 (les baigneurs de l’après-midi arriveront un peu plus tard, ce qui a un côté rassurant). Les gardiens acceptent de nous préparer le repas du soir, après le service normal. C’est quand même notre premier repas chaud du soir préparé par le refuge (si on exclut la merveilleuse boîte de raviolis du 3ème soir).
Pendant la préparation du repas, nous anticipons et allons préparer notre tente alors qu’il fait encore clair ! Ceci étant, c’est très facile ici, car nous sommes dans un grand enclos (et de façon amusante, les chevaux sont à l’extérieur !) Pour la première (et unique) fois du GR20, la tente est vraiment bien montée, avec tous les piquets plantés dans la terre, et tout et tout… C’est pratique quand on dort sur de l’herbe et pas sur des cailloux !

Au refuge, une fille « sudiste » parle du fameux rocher sous lequel il faut passer ; le gardien lui dit qu’il faut passer dessous, et que c’est effectivement un passage vraiment dur de l’étape… C’est assez incroyable la préparation de certains, qui sont au courant d’un passage particulièrement difficile au sein d’une étape ! Nous avons l’air de tellement débarquer tous les deux ; il faut dire que nous avions déjà un petit peu de préparatifs en dehors du GR20 cette année…

Après le repas, nous prenons une douche froide – il y a un système de distribution d’eau chaude à 1€ les 2 minutes, mais Mathilde n’a pas réussi à le faire fonctionner… De façon amusante, dans notre planning, nous avions prévu une seule étape le dimanche, et nous en avons finalement fait une et demie… Nous n’avons aucune cohérence avec notre plan, mais c’est mieux dans ce cens pour une fois !

Demain, le GR20 du Nord s’achèvera ! Deux voies s’ouvriront à nous : celle du taxi et de l’hôtel de Conca, ou celle de nos pieds et des 7 étapes supplémentaires du Sud… Il ne nous reste plus que 24h pour décider !

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D’après les guides qui descendent beaucoup plus vite que nous…
Etape 7 : de Manganu (1600m) à Petra Piana (1840m) : 1000m de dénivelé (760m de descente) sur 9,2 km, prévu en 5h.

Etape 8 de Petra Piana (1840m) à l’Onda (1435m) : 580m de dénivelé (980m de descente) sur 10,7 km, prévu en 4h

(Ouf, le billet de J7 est prêt également ! Je reprends de l’avance temporairement…)

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Le GR20 – J5 – De Castel di Vergio à la brèche de Capitello

Samedi 29 juillet
Oui, donc voilà, nous le confirmons ici pour ceux qui doutaient encore : une nuit à l’hôtel, ça repose mieux qu’une nuit allongée entre des cailloux acérés et un vent violent !
C’est donc requinqués que nous partons en direction du refuge de Manganu. Comme toujours, l’étape comporte son lot de difficultés ; néanmoins, c’est surtout la longueur qui nous casse les jambes aujourd’hui. Dans la matinée, nous retrouvons pour la dernière fois les « randonneurs joviaux » qui ont gentiment éclaté de rire lorsqu’ils avaient appris que c’était notre voyage de noces – ils nous en reparlent près de l’oratoire pris en photo lorsqu’on les croise, pour nous demander qui a eu l’idée… « On ne sait pas, les deux en même temps ! »
Un peu plus loin, nous précédons un cheval (et son accompagnateur), et nous réussissons à leur faire se tromper de chemin pendant 200 mètres environ…
Nous nous arrêtons vers 12h au lac de Nino (1743m), comme le cheval, de nombreux randonneurs et promeneurs. Un d’entre eux nous emprunte notre topo-guide pour choisir leur destination, à lui et aux 5-6 enfants qui l’accompagnent. Il nous explique que le lac est accessible par deux endroits de la route départementale croisée hier : soit Castel di Vergio comme nous (GR20), soit depuis une maison forestière à 8 km de là, d’où ils viennent. Pour éviter de faire demi-tour, ils vont plutôt aller à Castel di Vergio et ils y feront du stop pour retourner à leur point de départ. (Ca peut sembler curieux de lire ça, mais il parait qu’en Corse, le stop est un mode de transport assez répandu…)

Après notre pique-nique près du lac (saladière et twix, le repas des champions), nous repartons à 13h. Au niveau d’une bergerie, nous croisons un cheval attiré par l’odeur de notre sac poubelle (les huiles de saladières sans doute)… Il envisage clairement de nous suivre, à Manganu et peut-être même plus loin – hélas, nous n’avons pas de réseau téléphonique et nous ne pouvons pas appeler EasyJet pour savoir s’il reste de la place au retour pour un cheval supplémentaire…

Nous finissons donc l’étape jusqu’à Manganu, où nous arrivons à 15h. De 14h à 15h, il y a débat : Michaël veut poursuivre après, Mathilde ne veut plus entendre parler de « doubler », parce qu’on n’y arrive pas, et qu’il y en a un peu marre de déambuler comme des manchots perdus loin de leur la banquise jusqu’au bout de la soirée pour finalement se faire dépasser le lendemain par des randonneurs qui se sont arrêtés en fin de matinée la veille… C’est pas faux.
De toute façon, il est déjà clair que doubler l’étape ne sera pas possible : le refuge suivant, Petra Piana, est à 9,2 km – soit 5h de marche selon le guide, et nous sommes déjà bien entamés…
En arrivant au refuge à 15h donc, nous sommes plutôt d’avis d’y rester. Nous buvons un thé glacé, le temps de poursuivre notre réflexion. Un randonneur anglais nous emprunte notre briquet (celui qui a servi pour les feux d’artifice du mariage d’ailleurs :D), pour brûler un bout de corde. Sur la table à côté, d’autres randonneurs « tapent le carton » en jouant au Président. L’environnement est joli.
Nous retirons le « mode avion » de notre téléphone pour voir si nous captons… Toujours pas ! En fait, nous n’avons capté qu’à un seul endroit pour l’instant : la première nuit. Mais nous n’avions appelé personne, pour éviter de dire « coucou, tout va bien, nous sommes à une étape et demi, là nous bivouaquons sur un endroit interdit en pleine montagne et apparemment la première étape était bloquée à cause des incendies ; on vous rappellera dans 1 semaine peut-être si on capte, bisous, dormez bien ».

Après une petite heure de repos au refuge et une grande hésitation, nous nous remettons en marche vers 16h. Il est encore un peu tôt dans la journée, mais nous pouvons avancer de 3-4 heures sur l’étape suivante. Nous sommes résignés à bivouaquer – au moins cette fois, nous le préparons et achetons un petit repas pour ce soir (saladières, pom’potes, et même des Pringles parce que c’est quand même notre voyage de noces).
Des randonneurs aguerris nous redoubleront demain sans nul doute, mais ce qui sera fait pour nous ne sera plus à faire ! Nous sommes lents par rapport aux guides et à la plupart des autres randonneurs engagés sur le GR20 (ou pour le GR20 Nord) ; il faut marcher sans arrêt pour pouvoir espérer profiter un peu de l’hôtel à Porto-Vecchio. Nous savons déjà que nous ne pourrons pas aller à celui de Conca le mercredi…

Bref, telles deux tortues laissant les lièvres jouer au Président ou brûler des cordes, nous escaladons (littéralement) les sommets au-dessus de Manganu. Ce début d’étape est raide, puis devient plus raide, jusqu’à devenir follement raide. Nous sommes sur un terrain qui pourrait rivaliser avec le « granit rose » de la 2ème étape ou les éboulis de la 4ème (ou encore la tentative de grimper hors piste, lorsque nous nous étions perdus en randonnée dans les Alpes l’année précédente, avec Laurent et la maman de Michaël…)

Au moment où l’étape est entre « plus raide » et « follement raide », le téléphone de Michaël vibre… Helline vient d’envoyer un message pour annoncer des soldes à La Redoute (j’avais oublié de repasser en mode avion) ! En plein milieu des cailloux donc, vers 18h40, nous captons… et appelons nos parents pour prendre de leurs nouvelles (mais ils ne nous diraient rien de toute façon… ;-)) et leur dire que nous avons survécu aux 6 premières étapes, dont a priori les 3 pires du parcours. C’est du moins ce qu’on espère…

Mine de rien, parler à notre famille nous redonne sûrement un peu de moral, bienvenu avant d’attaquer l’escalade dans les cailloux avant la brèche de Capitello. Nous nous arrêtons juste après, sur une zone de bivouac aménagée, vers 20h. La vue est magnifique, juste au-dessus des lacs de Capitellu et de Melo.

Nous en sommes donc à 6,5 étapes en 5 jours ! Michaël commence à souffrir des quadriceps (tendinite du vaste interne) et Mathilde a depuis longtemps des cloques sur les deux pieds. Arriverons-nous en un seul morceau à Petra Piana ? Poursuivrons-nous vers le 8ème refuge ? Dormirons-nous encore loin des refuges les nuits suivantes ? Vous le saurez en lisant le billet de demain !

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D’après les guides qui se copient l’un l’autre alors que ça n’est pas beau de tricher
Etape 6 : De Ciottulu di i Mori (1991m) à Manganu (1600m) : 1100m de dénivelé (1450m de descente) sur 25,6 km (!), prévu en 9h.

Etape 7 (en cours) : de Manganu (1600m) à Petra Piana (1840m) : 1000m de dénivelé (760m de descente) sur 9,2 km, prévu en 5h.

Et bon anniversaire à Audrey la témoin 😉 

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Le GR20 – J4 – De Tighjettu à Castel di Vergio

Vendredi 28 juillet
La nuit a été venteuse et nous découvrons au réveil que le matelas de Michaël est à plat. Nous ne nous attardons pas autant qu’hier au refuge, d’autant plus que nous avons une étape à doubler aujourd’hui ! (Nous ne vous mettons pas comme hier de photo de Mathilde étalant une demi-livre de beurre sur sa tartine, mais nous avons quand même pris un petit-déjeuner, rassurez-vous !)

Après avoir demandé le chemin de départ à 2 ou 3 reprises, vérifié sur la boussole et sur les descriptifs du guide, nous entamons l’étape 5. Un kilomètre plus bas, aux bergeries d’u Vallone (plus loin que nous l’imaginions !), nous croisons un couple venant de Grenoble qui nous accompagne un petit moment. Par rapport au GR5 (Alpes), ils trouvent ce parcours plus difficile et surtout plus « sauvage ».

Cette étape est assez facile pendant 3 kilomètres puis se corse sur 2 derniers avec une remontée de l’altitude 1400m à plus de 2000m, comportant quelques passages où il apparait nécessaire pour notre survie de ranger nos bâtons de randonnée pour s’accrocher manuellement aux rochers (oui, si vous avez fait le calcul, ça donne une pente à 30 % dans une étape facile – pourquoi pas après tout).

Nous arrivons à Ciottulu di I Mori un peu avant midi. Nous y rencontrons des randonneurs très joviaux (qui ont commencé à l’étape 3 et vont à Vizzavona). Ils sont pris d’un énorme fou rire quand on leur annonce que c’est notre voyage de noces !

« Si vous résistez à ça, vous êtes bons pour les 80 prochaines années de vie commune ! »

Nous repartons une heure plus tard en direction de Manganu… à plus de 25 km de là ! Il s’agit d’une étape longue qui présente un peu tous les « atouts » du sentier : un début en crête, une descente assez facile dans des cailloux de 2000m à 1400m (en 5 km), un plateau avec de nombreux points d’eau (ou pozzines), une rivière à longer et traverser et une remontée en sentier forestier ensuite (de 1400m à 1800m en 4 km).

Ce qui nous achève est le topo-guide… Alors que nous avons avancé à bonne allure pendant 3h, sur la descente et le plateau, nos 2 guides papiers (oui, nous en avons pris 2) annoncent que cela se fait en 2h ! DEUX HEURES ?! Pour plus de 8 km. Mais sérieusement, ils le font en deltaplane le GR20 ou comment ça se passe ?
Dans le bois, après le premier tiers de cette deuxième étape du jour, Mathilde commence donc à envisager de ralentir et de ne faire qu’une étape par jour. Nous pourrions annuler les hôtels et arrêter de faire semblant de vouloir doubler les étapes, alors que nous en sommes manifestement incapables… Nous pourrions aussi descendre tranquillement jusqu’à Vizzavona et se contenter de la portion Nord du GR20. Ca ne serait pas exactement le voyage de noces que nous avions prévu, mais est-ce vraiment important ? Est-ce qu’on marche pour notre satisfaction personnelle, par pur masochisme, ou pour tenir nos lecteurs en haleine sur notre blog 6 semaines après notre retour ?
Nous gardons quand même espoir, parce que le guide nous annonce cette étape comme un « avant-goût » de celles du Sud… la même difficulté mais en plus court, voilà qui nous semble jouable !
Rien n’est perdu – sauf peut-être l’ongle de petit orteil de Mathilde. Nous avons en effet de plus en plus mal aux pieds, ce qui se comprend aisément après avoir parcouru environ 20 km (selon l’iPhone qui sert d’appareil photo, de caméscope, d’altimètre, de torche – bref, de tout sauf de téléphone par manque de réseau – et que nous chargeons chaque soir avec notre indispensable chargeur externe !)

Nous en sommes là de notre incompréhension et de notre désarroi, et c’est alors que nous la voyons…
La route ! La première depuis mardi matin !

Vidéo rare de randonneurs du GR20 arrivant à Castel. 

Nous voici arrivés à Castel di Vergio un peu avant 17h (5,3 étapes en 4 jours). Après une légère hésitation, nous louons une chambre d’hôtel. C’est 8 fois plus cher qu’une nuit en bivouac derrière l’hôtel… mais après la douche froide et la nuit blanche sur un matelas crevé hier, nous avions 8 fois plus envie d’une douche chaude et d’une nuit pleine sur un vrai matelas (non percé).

Une bonne douche, un bon restaurant (où nous retrouvons quelques randonneurs croisés hier, près du Monte Cintu, au refuge, et ceux de ce matin) et une bonne nuit… Finalement, nous l’avions bien dit que c’était des vacances ! Petite cerise sur le gâteau du réconfort : au restaurant, le serveur nous dit qu’il y a une erreur dans le guide… il manque au moins une heure !

Voilà pour aujourd’hui… Demain, nous vous raconterons comment la Redoute nous a remis en contact avec nos familles !

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D’après les guides clairement rédigés sous l’emprise de fraises tagada magiques
Etape 5 : De Tighjettu (1683m) à Ciottulu di i Mori (1991m) : 810m de dénivelé (480m de descente) sur 7,1 km, prévu en 4h environ.

Etape 6 (en cours) : De Ciottulu di i Mori (1991m) à Manganu (1600m) : 1100m de dénivelé (1450m de descente) sur 25,6 km (!), prévu en 9h.

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Le GR20 – J3 – D’Ascu Stagnu à Tighjettu

Jeudi 27 juillet
Ce sera un des plus longs billets, parce que nous avons quand même pas mal de choses à y raconter…
Je rappelle aussi un peu le contexte, parce que c’est important pour comprendre la succession de mauvais choix que nous allons faire aujourd’hui avec joie et bonne humeur…
Nous sommes le matin du 3ème jour du GR20 et nous allons affronter la masterpiece du parcours, l’étape des Rois ou tout autre nom qu’on peut imaginer pour dire que nos muscles peuvent commencer à rédiger une pétition.
Du côté de la confiance en soi, nous avons le fait que nous sommes encore vivants.
Du côté du désespoir et du questionnement, nous avons marché de 6h à 21-22h les deux premiers jours, nous avons une étape de retard, des douleurs aux épaules, au dos et aux pieds, Mathilde commence à perdre ses ongles d’orteil, nous avons consommé à peu près la moitié de notre stock de barres énergétiques en ne mangeant quasiment que ça matin, midi et soir, nous avons dû faire un bivouac interdit le premier soir, utiliser la lampe frontale le deuxième, et bon sang qu’est-ce qu’on fait là au lieu d’être sur un transat ?

Nous faisons rapidement ce constat à 6h30 lorsque sonne le réveil, et dans un moment de lucidité, nous décidons de prolonger notre nuit jusqu’à 8h. De toute façon, nous avons déjà prévu de ne faire qu’une seule étape. C’est une décision un peu difficile parce qu’un hôtel nous attend au bout du GR20, à compter du mercredi soir (à Conca) puis du jeudi soir (près de Porto-Vecchio)… mais nous avons prévu d’avoir 2 demi-journées potentielles de retard initialement, soit pile ce que nous aurons consommé à partir du 3ème jour de randonnée, donc tout n’est pas perdu !
Bref, nous nous posons sur le balcon du refuge à 8h30, face à notre premier petit-déjeuner et notre jus frais d’oranges pressées qui nous rappelle que oui, malgré les ampoules aux pieds, ce sont bien les vacances ! Aïe.

Nous partons à 9h, ce qui nous ferait donc arriver à 16h30 selon le guide.
Nous empruntons aujourd’hui la Pointe des Eboulis ; avant 2015, il s’agissait d’une « variante alpine » (plus longue et avec plus de dénivelé) par rapport au parcours normal, qui passait par le célèbre Cirque de la Solitude (plus technique). Depuis juin 2015, suite au décès de 7 randonneurs dans le Cirque, la variante alpine est devenue la voie normale.
Comme il est un peu tard pour les randonneurs, à 9h, nous ne croisons ni membre du refuge, ni randonneur sur le départ ; nous en voyons toutefois quelques-uns remonter une ancienne piste de ski, « face à l’hôtel », là où est annoncé le début de l’itinéraire. Nous demandons confirmation à un promeneur Corse, qui nous dit que nous pouvons prendre cette piste-là ou celle parallèle, et que nous trouverons une rivière à longer en haut, pour rejoindre tous les autres randonneurs.

Nous ne voyons pas de marques, alors qu’il y en avait tous les 50 mètres lors des deux premiers jours – nous mettons ça sur le compte du changement d’itinéraire récent mais trouvons ça louche quand même… Après 10 minutes de montée de piste de ski (100m de dénivelé quand même), nous demandons à un couple de Corses promenant leur chien… L’homme nous confirme que nous sommes sur la bonne voie, et qu’il faut « longer la rivière ». Nous voyons quelques traits rouge et blanc ici et là, mais à moitié effacés par le temps. Serait-ce l’ancienne voie du Cirque de la Solitude ? Après une dizaine de minutes sur ce parcours, nous décidons de faire demi-tour… Nous retombons sur le même homme, à qui nous faisons part à de nos doutes.

– C’est par là, pourquoi vous êtes redescendus ?! Je vous ai dit, c’est là-bas !
– Oui mais il n’y a pas de marquage… Nous cherchons la « nouvelle voie » ,  parce qu’ils ont changé avec le Cirque qui est fermé…
– Mais si, si ! C’est tout droit, à droite de la rivière, vous montez dans le bois, ça ramène au col. Vous ne pouvez pas vous tromper !

Bon… C’est un Corse, il doit bien connaître les montagnes de son pays.
Nous remontons donc, pour nous enfoncer plus profondément dans le sous-bois. A force de grimper, nous tombons sur des marquages blanc-rouge clairement barrés de peinture grise. Nous redescendons donc tout, jusqu’au refuge, ravis de cette petite mise en jambe…
En redescendant la piste de ski, nous avons confirmation que nous étions partis sur la voie « Cirque de la Solitude », et que la variante « alpine » était face à l’hôtel… mais l’autre face disons.

Nous partons à 10h20, ce qui nous ferait donc arriver à 17h50 selon le guide. Mais au moins, nous partons bien échauffés. Et puis, nous pouvons re-remplir à la source nos poches à eau et gourdes (2l + 1l), c’est pratique.

Le trajet est notamment marqué par l’une des pires montées du GR20, dans des gravats qui glissent sous nos pas… C’est aussi agréable que monter dans une dune de sable fin de plusieurs centaines de mètres avec un chargement de plus de 10 kg, sous un soleil méditerranéen entre 14h et 16h30.
Nous arrivons alors à la bien-nommée Pointe des Eboulis (2607m, le sommet du GR20), où nous discutons pour la première fois avec un randonneur. C’est la deuxième fois que celui-ci fait le GR20 – il y a 5 ans, il a dû arrêter avant Vizzavonna à cause de douleurs de genoux.

« Finalement, j’y suis revenu… Si on ne le finit pas, le GR20 nous rappelle toujours. »

Nous voulons bien le croire ! Les paysages sont superbes et le défi est intéressant – à la fin, on peut même faire une photo près d’un panneau « finisher » ! Lui a poussé jusqu’au point culminant de Corse, le Monte Cintu (2706m), à 1h de là ; nous ne le faisons pas, parce que nous avons déjà un peu de retard et que nous aimerions bien arriver sans utiliser notre lampe frontale pour une fois, histoire d’avoir encore un peu de batterie à la fin du séjour. Le randonneur nous propose de redescendre avec lui, mais nous ne voulons pas le retarder.

Après 4h30 de descente, nous arrivons à 21h au refuge de Tighjettu. Il est trop tard pour avoir le « repas du soir », mais au moins l’épicerie est encore ouverte et nous pouvons faire l’acquisition d’une voluptueuse boîte de raviolis (globalement, acheter une boîte de raviolis dans notre état sur le GR20, c’est un peu comme trouver l’Arche Perdue et recevoir en prime le Graal parce que c’est la période des soldes). Nous utilisons enfin un réchaud dans un refuge ; nous faisons enfin chauffer un de nos dix paquets de soupe lyophilisées que nous avons embarqué par inutile précaution ! (Inutile car soit nous sommes hors refuge sans feu et avec une réserve d’eau à ne pas gâcher – dans quel cas, c’est trop lyophilisé pour être mangé -, soit nous sommes dans un refuge et nous avons une épicerie pour se restaurer… nous en ramènerons les 3/4 d’ailleurs !).
Nous achetons également des mars, des pom’potes, du coca et de l’orangina : tout ça constituera au fil des refuges nos aliments principaux du GR20. Enfin, nous prenons également nos deux places de bivouac.

– Et c’est quelle place du coup, que j’achète là ?
– Oh, non, il n’y a pas de place attitrée ! C’est là où vous en trouvez, il y en a plein.
– Ah, d’accord, super ! (smiley content, on a fini l’étape la plus dure).

Nous finissons donc notre journée de la loose comme nous l’avons commencée : en faisant bêtement confiance aux gens.
Parce que quand on dit qu’on peut dormir près d’un refuge, il ne faut pas imaginer une grande plaine tranquille avec de belles allées bordées de fleurs. La plupart du temps, c’est un bout de montagne avec le dénivelé qui va bien, des cailloux ou des rochers à escalader pour aller au point d’eau, et éventuellement quelques endroits où il semble envisageable de poser une tente, voire de planter 2-3 piquets si vous avez de la chance. Le tout bordé d’excréments d’animaux. En fait, l’endroit pour dormir près du refuge sur le GR20, c’est une randonnée « assez difficile » dans une autre région de France.

Après avoir mangé, nous tournons donc pendant 15 minutes dans l’obscurité totale (avec nos lampes frontales, oui, merci de nous le rappeler), pour essayer de trouver un endroit où s’installer. Nous finissons par planter notre tente près du refuge, sur une quasi-place collée à une autre tente qui avait été laissée libre, par manque de place et/ou par proximité avec des déjections malodorantes car comme nous l’avons signalé ça n’est pas spécialement bordé de fleurs dans le coin.

Enfin, nous pouvons envisager de dormir… mais ce serait sans compter sur le vent qui souffle toute la nuit, les 116 fois où Michaël répète « elle va s’envoler, c’est sûr, zut j’aurais dû mieux apprendre à la fixer » en repensant à cette vidéo, ou son matelas qui se crève et le laisse dès le milieu de nuit sur le sol caillouteux.
Bref, ça n’était pas une bonne place.

Demain, nous verrons comment nous avons abordé la suite du parcours après la nuit la moins récupératrice du séjour !

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D’après les guides qu’il ne faut pas croire…
Etape 4 : D’Ascu Stagnu (1425m) à Tighjettu (1683m) : 1300m de dénivelé (1050m de descente) sur 8,6 km, prévu en 7h30 environ. Demain, nous vous raconterons comment le guide peut se planter encore davantage…  

(Petite note : nous avons ajouté 3 photos sur le diaporama de J1, pour montrer la taille de nos sacs et nos têtes du départ avec les lampes frontales qu’on ne pensait pas utiliser si tôt et si souvent…)

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