Le GR20 – J8 – De Vizzavona à Bocca di Verde

Mardi 1er août
Après un petit-déjeuner offert par le sympathique responsable de l’hôtel (un geste commercial après le repas et la chambre), nous repartons dès 8h15. A l’hôtel, comme d’autres nuits sous la tente depuis quelques jours, nous nous sommes massés les pieds avec notre pommade anti-ampoules… Elle a probablement contribué à former des peaux épaisses qui se détachent encore, 2 mois plus tard !
Nous avançons bien aujourd’hui – et c’est un euphémisme ! Nous débutons les étapes du Sud, qui sont certes (parfois) (un peu) moins difficiles mais aussi (souvent) (beaucoup) plus longues…
Le sentier monte dans les bois initialement – d’où nous étions sortis hier pour rejoindre la ville de Vizzavona. Il commence par une longue montée de 900m à 1600m en 6 km, avant de poursuivre pendant 8 km sur des hauteurs entre 1450m et 1650m environ. Nous arrivons enfin à E Capanelle vers 14h20.

Pour la suite, vous commencez à nous connaître… Mathilde veut s’arrêter là, se reposer et repartir le lendemain pour faire une étape par jour ; Michaël dit qu’on ne fera rien de spécial et qu’on ferait mieux d’avancer pour pouvoir profiter de l’hôtel ensuite ; Mathilde dit d’accord mais qu’elle va sûrement râler dans l’après-midi ou la soirée…

Bref, nous décidons de poursuivre en direction de Prati… qui est à 18 km de là ! Nous savons bien sûr que nous n’irons pas au bout (vous avez la réponse au billet d’hier !), mais il y a un refuge privé à Bocca Di Verde, aux 2/3 du parcours et avant la grande ascension de l’étape 11… Le responsable de l’hôtel hier nous a dit que ce refuge avait reçu de bons commentaires de ses clients – en nous précisant quand même que ça faisait très loin.

Et effectivement, il a raison ! Nous nous perdons pendant 20 minutes (près de l’arbre de la belle photo ci-dessous) – c’est la 2ème fois du GR20 où on perd du temps comme ça. Cette fois, la cause est une fantaisie dans le marquage pourtant irréprochable jusque là (pour faire simple, ce qu’on prend pour une flèche est une croix indiquant de ne pas aller plus loin – ce qu’il n’y avait jamais avant… et un peu plus loin, la même croix signifiera une flèche ! o_O »)
(Oui, nous employons encore des vieux smileys comme au début des années 2000, mais en même temps, nous tenons un blog, donc c’est cohérent).

Les jambes nous portent péniblement sur les derniers kilomètres, nos pieds font mal à chaque pas et nous désespérons de voir le toit du refuge… Finalement, nous arrivons vers 21h à Bocca di Verde, après plus de 33 km selon le GPS aujourd’hui (26 km d’après le guide, mais faut-il vraiment les croire ?) Nous avons pu éviter l’utilisation de la lampe frontale au moins et sommes à 10,7 étapes sur 8 jours…
Mathilde ne veut plus doubler les étapes, et surtout pas la dernière… Tant pis pour l’hôtel de Porto-Vecchio ! On n’y restera qu’un jour ou deux, et basta (ou ajacco, au choix). C’est probablement le voyage de noces le plus usant qu’on puisse imaginer à notre niveau.

Devant nos mines déconfites, le patron accepte de nous faire 2 sandwichs (en fait, vous verrez, c’est un pain rassis entier coupé en deux dans le sens de la longueur, avec du fromage – croûte incluse – ou de la charcuterie bien grasse dedans… ils sont complètement fous ! En même temps, à ce stade, on aurait mangé nos chaussures, donc ça passe). Juste avant, l’expérience aidant, nous installons notre tente… Et en l’ouvrant, on retrouve à l’intérieur notre petite lampe dynamo de poche que nous pensions avoir perdu hier soir !
Là encore, nous éprouvons quelques difficultés pour trouver une place ; nous nous mettons à nouveau juste à côté d’une autre tente. La dernière fois que nous avons fait ça (J3), le vent nous a gâché la nuit, la tente menaçait de s’envoler et le matelas de Michaël s’est percé… Que se passera-t-il cette fois ?
Vous le découvrirez en revenant ici demain !

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D’après les guides (en fait surtout d’après un guide pris en photo dans l’hôtel qui indique très bien les dénivelés et que j’utilise depuis le début de ce récit)
Etape 10 : de Vizzavona (910m) à E Capanelle (1630m) : 1030m de dénivelé (400m de descente) sur 14,3 km (!), prévu en 5h

Etape 11 (en cours) : de E Capanelle (1630m) à Prati (1812m) : 1100m de dénivelé (880m de descente) sur 18,1 km (!!), prévu en 6h30

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Le GR20 – J7 – De L’Onda à Vizzavona

Lundi 31 juillet
Nous commençons la matinée par une longue montée. Nous croisons le randonneur anglais, qui me donne un conseil sur la tenue du sac à dos : le serrer davantage au bassin, le remonter… Vous verrez éventuellement une différence entre les photos avant et après ! Il faut bien dire que nous avons tâtonné dès le départ, en tirant un peu en haut, sur le côté, pour que ça soit à peu près confortable… Finalement, il semble qu’un sac plus serré au niveau des hanches se porte mieux ! La montée dure 2,5 km environ, pour passer de 1480 à 2020m (Muratellu). Nous voyons quelques randonneurs en haut, qui se reposent également de cette épuisante (et parfois difficile) ascension !
Dans la descente de 2020 à 910m qui s’ensuit, nous n’allons pas très vite (douleurs de genoux et de pieds). Il s’agit à partir de là d’une longue étape, à défaut d’être aussi difficile que les premières.
Nous traversons les Cascades des Anglais, un très beau site où nous faisons même une halte pour rafraîchir nos pieds vers 15h (et surtout pour s’arrêter…) Dans la forêt qui suit les Cascades, nous lisons les premiers panneaux « GR20 Nord – GR20 Sud »… Ce soir, nous aurons fini la première partie !
Nous arrivons enfin à Vizzavona. Nous repensons bien sûr à notre planification du GR20, 4-5 mois plus tôt :

– Michaël : Tu vois, Vizzavona, c’est une ville… il vaut mieux qu’on double directement depuis L’Onda pour ne pas s’arrêter là… poursuivre uniquement avec la tente, parce que si on dort à l’hôtel, ça va nous casser le rythme…
– Mathilde : Ah oui, tu as raison !

A peu de choses, nous nous étions vraiment dit ça ! Tu parles ! Nous prenons sans hésiter une nuit à l’hôtel Le Vizzavona. Et juste avant, pour fêter notre premier contact avec une ville depuis 7 jours, nous allons boire un soda sur la terrasse d’une épicerie, face aux rails de la gare – nous espérons voir un train, respirer un peu de pollution pourquoi pas, mais il y a peu de passage 🙁 Tant pis, nous retournons jusqu’à l’hôtel – et croisons d’ailleurs les randonneurs du GR5 (ils ont doublé l’étape avec celle d’hier après-midi, et ils ont l’air un peu fatigués mais sans plus).

Nous pouvons appeler nos familles pour annoncer notre progression. Nous sommes à 9 étapes en 7 jours, et nous avons décidé de poursuivre (il parait que le GR20 du Sud est plus simple, ça serait dommage… et puis l’intérêt réside aussi dans l’association Nord + Sud, plutôt que le faire en deux fois – d’après Michaël, avis non partagé par Mathilde !). Comme il semble peu envisageable de faire les 7 dernières étapes en 2 jours, nous contactons l’hôtel de Conca (et Booking.com) pour annuler la chambre d’après-demain… Contre toute attente, l’annulation est faite !

Après le repas en terrasse, nous remontons nous doucher (pas besoin de jeton pour avoir de l’eau vraiment chaude !) et nous coucher dans un vrai lit avec un authentique matelas… Un avant-goût du repos qui nous attend au bout du GR20 du Sud !

Demain, nous tenterons à nouveau une double-étape… Y parviendrons-nous pour la première fois de notre voyage de noces ?

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D’après nos amis les guides que nous transportons gentiment et qui nous le rendent en nous mentant sur les temps de trajet quand même
Etape 9 : de l’Onda (1435m) à Vizzavona (910m) : 760m de dénivelé (1330m de descente) sur 11,4 km, prévu en 5h30

Et bonne fête aux Michaël… ^^

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Le GR20 – J6 – De la brèche de Capitello à L’Onda

Dimanche 30 juillet
Ce deuxième bivouac sauvage s’est très bien passé ; nous nous sommes couchés tôt (autour de 21h) et nous pouvons donc repartir vers 6h30 ce matin, non sans profiter du joli spectacle offert par les deux lacs que nous surplombons.
Après l’épuisante escalade d’hier soir, nous pensons que la suite va être plus calme… Que nenni ! La reprise est encore très escarpée avec des passages plus techniques que jamais : des chaînes, des parois verticales plus hautes que nous, nécessitant de ranger et reprendre nos bâtons en alternance… Il y a plus loin un passage où il faut passer sous un rocher posé contre la paroi montagneuse (Mathilde est passée dessous, après que Michaël l’a contourné avec difficulté – pas de photo, désolé, on s’échinait à survivre).
Nous arrivons finalement à Petra Piana pile à 12h (une chance, car une demi-heure plus tard, l’épicerie ferme pour que les gardiens déjeunent !). Nous y recroisons les randonneurs qui avaient fait le GR5 ainsi que le randonneur britannique brûleur de cordes… Les premiers resteront là pour aujourd’hui, et le deuxième poursuivra la route.

Après une courte pause, nous repartons également en direction de L’Onda par le chemin classique dans la vallée (il existe une variante alpine, plus courte mais plus escarpée, qu’emprunteront la plupart des randonneurs le lendemain pour gagner du temps et doubler l’étape). Cette fois, c’est Mathilde qui attend Michaël qui boitille dans la longue descente initiale (1840 à 1000m environ en 7 km), et réclame des pauses de plus en plus rapprochées… Nous prenons beaucoup de retard avant d’arriver à une maison en pierre, où nous croisons 3 randonneurs (dont un couple qui s’arrête à Vizzavonna et ne se voyait pas poursuivre). Nous les recroiserons un peu plus loin en train de se baigner et de laver leur linge dans un cours d’eau !

Pour une fois, ça n’est pas tant la difficulté du terrain que la blessure due aux jours précédents qui nous ralentit. Allons-nous subir la « malédiction du genou », qui a poussé le randonneur croisé au Monte Cintu à s’arrêter à Vizzavonna lors de sa première tentative ? Allons-nous devoir refaire tout ça dans 5 ans ?! NoOoOOoooOOOooooN ! Argh non ! Pas le granit rose ! PAS LE GRANIT ROSE !
Pendant que Michaël boitille, Mathilde se demande à nouveau s’il ne faudrait pas arrêter à Vizzavona et prendre un transport jusqu’à Conca… Mais nos plans de table n’auraient plus de sens, nous ne pouvons donc pas faire ça. Tant pis pour nos pieds !
Dans le parcours plutôt simple de début d’après-midi (mais douloureux pour les genoux car tout en descente), Michaël arrache sur des petits sapins le sac contenant la tente, en s’asseyant pour descendre un petit rocher… il n’y a heureusement qu’un petit trou sur le sac et sur le côté de la toile recouvrant la tente (pas de risque de pluie à l’intérieur donc !) Le sac sera d’ailleurs arraché à plusieurs reprises, également une fois en « tassant » un peu trop énergiquement… Mais il a tenu jusqu’au bout et a été « suturé » après la fin de randonnée, avec le fil de secours pris « au cas où », lors des derniers jours de repos en Corse…
L’étape se termine par une lente montée en forêt (on remonte de 1000m à 1435m sur 4 km environ)… Dans l’ascension, nous croisons le petit-fils du gardien du refuge, un petit garçon de 8 ans environ qui tente d’augmenter le débit d’eau de la source avec une feuille (c’est très sec en ce moment – d’où les incendies au Nord à notre arrivée). Il nous dit que le refuge est à 45 minutes. Quand nous lui indiquons le temps que nous avons mis depuis la passerelle précédente, il nous dit que nous n’allons pas très vite…

Nous atteignons finalement le refuge de L’Onda après une heure de montée plus tard (et 500m de dénivelé), vers 19h30 (les baigneurs de l’après-midi arriveront un peu plus tard, ce qui a un côté rassurant). Les gardiens acceptent de nous préparer le repas du soir, après le service normal. C’est quand même notre premier repas chaud du soir préparé par le refuge (si on exclut la merveilleuse boîte de raviolis du 3ème soir).
Pendant la préparation du repas, nous anticipons et allons préparer notre tente alors qu’il fait encore clair ! Ceci étant, c’est très facile ici, car nous sommes dans un grand enclos (et de façon amusante, les chevaux sont à l’extérieur !) Pour la première (et unique) fois du GR20, la tente est vraiment bien montée, avec tous les piquets plantés dans la terre, et tout et tout… C’est pratique quand on dort sur de l’herbe et pas sur des cailloux !

Au refuge, une fille « sudiste » parle du fameux rocher sous lequel il faut passer ; le gardien lui dit qu’il faut passer dessous, et que c’est effectivement un passage vraiment dur de l’étape… C’est assez incroyable la préparation de certains, qui sont au courant d’un passage particulièrement difficile au sein d’une étape ! Nous avons l’air de tellement débarquer tous les deux ; il faut dire que nous avions déjà un petit peu de préparatifs en dehors du GR20 cette année…

Après le repas, nous prenons une douche froide – il y a un système de distribution d’eau chaude à 1€ les 2 minutes, mais Mathilde n’a pas réussi à le faire fonctionner… De façon amusante, dans notre planning, nous avions prévu une seule étape le dimanche, et nous en avons finalement fait une et demie… Nous n’avons aucune cohérence avec notre plan, mais c’est mieux dans ce cens pour une fois !

Demain, le GR20 du Nord s’achèvera ! Deux voies s’ouvriront à nous : celle du taxi et de l’hôtel de Conca, ou celle de nos pieds et des 7 étapes supplémentaires du Sud… Il ne nous reste plus que 24h pour décider !

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D’après les guides qui descendent beaucoup plus vite que nous…
Etape 7 : de Manganu (1600m) à Petra Piana (1840m) : 1000m de dénivelé (760m de descente) sur 9,2 km, prévu en 5h.

Etape 8 de Petra Piana (1840m) à l’Onda (1435m) : 580m de dénivelé (980m de descente) sur 10,7 km, prévu en 4h

(Ouf, le billet de J7 est prêt également ! Je reprends de l’avance temporairement…)

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Le GR20 – J5 – De Castel di Vergio à la brèche de Capitello

Samedi 29 juillet
Oui, donc voilà, nous le confirmons ici pour ceux qui doutaient encore : une nuit à l’hôtel, ça repose mieux qu’une nuit allongée entre des cailloux acérés et un vent violent !
C’est donc requinqués que nous partons en direction du refuge de Manganu. Comme toujours, l’étape comporte son lot de difficultés ; néanmoins, c’est surtout la longueur qui nous casse les jambes aujourd’hui. Dans la matinée, nous retrouvons pour la dernière fois les « randonneurs joviaux » qui ont gentiment éclaté de rire lorsqu’ils avaient appris que c’était notre voyage de noces – ils nous en reparlent près de l’oratoire pris en photo lorsqu’on les croise, pour nous demander qui a eu l’idée… « On ne sait pas, les deux en même temps ! »
Un peu plus loin, nous précédons un cheval (et son accompagnateur), et nous réussissons à leur faire se tromper de chemin pendant 200 mètres environ…
Nous nous arrêtons vers 12h au lac de Nino (1743m), comme le cheval, de nombreux randonneurs et promeneurs. Un d’entre eux nous emprunte notre topo-guide pour choisir leur destination, à lui et aux 5-6 enfants qui l’accompagnent. Il nous explique que le lac est accessible par deux endroits de la route départementale croisée hier : soit Castel di Vergio comme nous (GR20), soit depuis une maison forestière à 8 km de là, d’où ils viennent. Pour éviter de faire demi-tour, ils vont plutôt aller à Castel di Vergio et ils y feront du stop pour retourner à leur point de départ. (Ca peut sembler curieux de lire ça, mais il parait qu’en Corse, le stop est un mode de transport assez répandu…)

Après notre pique-nique près du lac (saladière et twix, le repas des champions), nous repartons à 13h. Au niveau d’une bergerie, nous croisons un cheval attiré par l’odeur de notre sac poubelle (les huiles de saladières sans doute)… Il envisage clairement de nous suivre, à Manganu et peut-être même plus loin – hélas, nous n’avons pas de réseau téléphonique et nous ne pouvons pas appeler EasyJet pour savoir s’il reste de la place au retour pour un cheval supplémentaire…

Nous finissons donc l’étape jusqu’à Manganu, où nous arrivons à 15h. De 14h à 15h, il y a débat : Michaël veut poursuivre après, Mathilde ne veut plus entendre parler de « doubler », parce qu’on n’y arrive pas, et qu’il y en a un peu marre de déambuler comme des manchots perdus loin de leur la banquise jusqu’au bout de la soirée pour finalement se faire dépasser le lendemain par des randonneurs qui se sont arrêtés en fin de matinée la veille… C’est pas faux.
De toute façon, il est déjà clair que doubler l’étape ne sera pas possible : le refuge suivant, Petra Piana, est à 9,2 km – soit 5h de marche selon le guide, et nous sommes déjà bien entamés…
En arrivant au refuge à 15h donc, nous sommes plutôt d’avis d’y rester. Nous buvons un thé glacé, le temps de poursuivre notre réflexion. Un randonneur anglais nous emprunte notre briquet (celui qui a servi pour les feux d’artifice du mariage d’ailleurs :D), pour brûler un bout de corde. Sur la table à côté, d’autres randonneurs « tapent le carton » en jouant au Président. L’environnement est joli.
Nous retirons le « mode avion » de notre téléphone pour voir si nous captons… Toujours pas ! En fait, nous n’avons capté qu’à un seul endroit pour l’instant : la première nuit. Mais nous n’avions appelé personne, pour éviter de dire « coucou, tout va bien, nous sommes à une étape et demi, là nous bivouaquons sur un endroit interdit en pleine montagne et apparemment la première étape était bloquée à cause des incendies ; on vous rappellera dans 1 semaine peut-être si on capte, bisous, dormez bien ».

Après une petite heure de repos au refuge et une grande hésitation, nous nous remettons en marche vers 16h. Il est encore un peu tôt dans la journée, mais nous pouvons avancer de 3-4 heures sur l’étape suivante. Nous sommes résignés à bivouaquer – au moins cette fois, nous le préparons et achetons un petit repas pour ce soir (saladières, pom’potes, et même des Pringles parce que c’est quand même notre voyage de noces).
Des randonneurs aguerris nous redoubleront demain sans nul doute, mais ce qui sera fait pour nous ne sera plus à faire ! Nous sommes lents par rapport aux guides et à la plupart des autres randonneurs engagés sur le GR20 (ou pour le GR20 Nord) ; il faut marcher sans arrêt pour pouvoir espérer profiter un peu de l’hôtel à Porto-Vecchio. Nous savons déjà que nous ne pourrons pas aller à celui de Conca le mercredi…

Bref, telles deux tortues laissant les lièvres jouer au Président ou brûler des cordes, nous escaladons (littéralement) les sommets au-dessus de Manganu. Ce début d’étape est raide, puis devient plus raide, jusqu’à devenir follement raide. Nous sommes sur un terrain qui pourrait rivaliser avec le « granit rose » de la 2ème étape ou les éboulis de la 4ème (ou encore la tentative de grimper hors piste, lorsque nous nous étions perdus en randonnée dans les Alpes l’année précédente, avec Laurent et la maman de Michaël…)

Au moment où l’étape est entre « plus raide » et « follement raide », le téléphone de Michaël vibre… Helline vient d’envoyer un message pour annoncer des soldes à La Redoute (j’avais oublié de repasser en mode avion) ! En plein milieu des cailloux donc, vers 18h40, nous captons… et appelons nos parents pour prendre de leurs nouvelles (mais ils ne nous diraient rien de toute façon… ;-)) et leur dire que nous avons survécu aux 6 premières étapes, dont a priori les 3 pires du parcours. C’est du moins ce qu’on espère…

Mine de rien, parler à notre famille nous redonne sûrement un peu de moral, bienvenu avant d’attaquer l’escalade dans les cailloux avant la brèche de Capitello. Nous nous arrêtons juste après, sur une zone de bivouac aménagée, vers 20h. La vue est magnifique, juste au-dessus des lacs de Capitellu et de Melo.

Nous en sommes donc à 6,5 étapes en 5 jours ! Michaël commence à souffrir des quadriceps (tendinite du vaste interne) et Mathilde a depuis longtemps des cloques sur les deux pieds. Arriverons-nous en un seul morceau à Petra Piana ? Poursuivrons-nous vers le 8ème refuge ? Dormirons-nous encore loin des refuges les nuits suivantes ? Vous le saurez en lisant le billet de demain !

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D’après les guides qui se copient l’un l’autre alors que ça n’est pas beau de tricher
Etape 6 : De Ciottulu di i Mori (1991m) à Manganu (1600m) : 1100m de dénivelé (1450m de descente) sur 25,6 km (!), prévu en 9h.

Etape 7 (en cours) : de Manganu (1600m) à Petra Piana (1840m) : 1000m de dénivelé (760m de descente) sur 9,2 km, prévu en 5h.

Et bon anniversaire à Audrey la témoin 😉 

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Le GR20 – J4 – De Tighjettu à Castel di Vergio

Vendredi 28 juillet
La nuit a été venteuse et nous découvrons au réveil que le matelas de Michaël est à plat. Nous ne nous attardons pas autant qu’hier au refuge, d’autant plus que nous avons une étape à doubler aujourd’hui ! (Nous ne vous mettons pas comme hier de photo de Mathilde étalant une demi-livre de beurre sur sa tartine, mais nous avons quand même pris un petit-déjeuner, rassurez-vous !)

Après avoir demandé le chemin de départ à 2 ou 3 reprises, vérifié sur la boussole et sur les descriptifs du guide, nous entamons l’étape 5. Un kilomètre plus bas, aux bergeries d’u Vallone (plus loin que nous l’imaginions !), nous croisons un couple venant de Grenoble qui nous accompagne un petit moment. Par rapport au GR5 (Alpes), ils trouvent ce parcours plus difficile et surtout plus « sauvage ».

Cette étape est assez facile pendant 3 kilomètres puis se corse sur 2 derniers avec une remontée de l’altitude 1400m à plus de 2000m, comportant quelques passages où il apparait nécessaire pour notre survie de ranger nos bâtons de randonnée pour s’accrocher manuellement aux rochers (oui, si vous avez fait le calcul, ça donne une pente à 30 % dans une étape facile – pourquoi pas après tout).

Nous arrivons à Ciottulu di I Mori un peu avant midi. Nous y rencontrons des randonneurs très joviaux (qui ont commencé à l’étape 3 et vont à Vizzavona). Ils sont pris d’un énorme fou rire quand on leur annonce que c’est notre voyage de noces !

« Si vous résistez à ça, vous êtes bons pour les 80 prochaines années de vie commune ! »

Nous repartons une heure plus tard en direction de Manganu… à plus de 25 km de là ! Il s’agit d’une étape longue qui présente un peu tous les « atouts » du sentier : un début en crête, une descente assez facile dans des cailloux de 2000m à 1400m (en 5 km), un plateau avec de nombreux points d’eau (ou pozzines), une rivière à longer et traverser et une remontée en sentier forestier ensuite (de 1400m à 1800m en 4 km).

Ce qui nous achève est le topo-guide… Alors que nous avons avancé à bonne allure pendant 3h, sur la descente et le plateau, nos 2 guides papiers (oui, nous en avons pris 2) annoncent que cela se fait en 2h ! DEUX HEURES ?! Pour plus de 8 km. Mais sérieusement, ils le font en deltaplane le GR20 ou comment ça se passe ?
Dans le bois, après le premier tiers de cette deuxième étape du jour, Mathilde commence donc à envisager de ralentir et de ne faire qu’une étape par jour. Nous pourrions annuler les hôtels et arrêter de faire semblant de vouloir doubler les étapes, alors que nous en sommes manifestement incapables… Nous pourrions aussi descendre tranquillement jusqu’à Vizzavona et se contenter de la portion Nord du GR20. Ca ne serait pas exactement le voyage de noces que nous avions prévu, mais est-ce vraiment important ? Est-ce qu’on marche pour notre satisfaction personnelle, par pur masochisme, ou pour tenir nos lecteurs en haleine sur notre blog 6 semaines après notre retour ?
Nous gardons quand même espoir, parce que le guide nous annonce cette étape comme un « avant-goût » de celles du Sud… la même difficulté mais en plus court, voilà qui nous semble jouable !
Rien n’est perdu – sauf peut-être l’ongle de petit orteil de Mathilde. Nous avons en effet de plus en plus mal aux pieds, ce qui se comprend aisément après avoir parcouru environ 20 km (selon l’iPhone qui sert d’appareil photo, de caméscope, d’altimètre, de torche – bref, de tout sauf de téléphone par manque de réseau – et que nous chargeons chaque soir avec notre indispensable chargeur externe !)

Nous en sommes là de notre incompréhension et de notre désarroi, et c’est alors que nous la voyons…
La route ! La première depuis mardi matin !

Vidéo rare de randonneurs du GR20 arrivant à Castel. 

Nous voici arrivés à Castel di Vergio un peu avant 17h (5,3 étapes en 4 jours). Après une légère hésitation, nous louons une chambre d’hôtel. C’est 8 fois plus cher qu’une nuit en bivouac derrière l’hôtel… mais après la douche froide et la nuit blanche sur un matelas crevé hier, nous avions 8 fois plus envie d’une douche chaude et d’une nuit pleine sur un vrai matelas (non percé).

Une bonne douche, un bon restaurant (où nous retrouvons quelques randonneurs croisés hier, près du Monte Cintu, au refuge, et ceux de ce matin) et une bonne nuit… Finalement, nous l’avions bien dit que c’était des vacances ! Petite cerise sur le gâteau du réconfort : au restaurant, le serveur nous dit qu’il y a une erreur dans le guide… il manque au moins une heure !

Voilà pour aujourd’hui… Demain, nous vous raconterons comment la Redoute nous a remis en contact avec nos familles !

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D’après les guides clairement rédigés sous l’emprise de fraises tagada magiques
Etape 5 : De Tighjettu (1683m) à Ciottulu di i Mori (1991m) : 810m de dénivelé (480m de descente) sur 7,1 km, prévu en 4h environ.

Etape 6 (en cours) : De Ciottulu di i Mori (1991m) à Manganu (1600m) : 1100m de dénivelé (1450m de descente) sur 25,6 km (!), prévu en 9h.

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Le GR20 – J3 – D’Ascu Stagnu à Tighjettu

Jeudi 27 juillet
Ce sera un des plus longs billets, parce que nous avons quand même pas mal de choses à y raconter…
Je rappelle aussi un peu le contexte, parce que c’est important pour comprendre la succession de mauvais choix que nous allons faire aujourd’hui avec joie et bonne humeur…
Nous sommes le matin du 3ème jour du GR20 et nous allons affronter la masterpiece du parcours, l’étape des Rois ou tout autre nom qu’on peut imaginer pour dire que nos muscles peuvent commencer à rédiger une pétition.
Du côté de la confiance en soi, nous avons le fait que nous sommes encore vivants.
Du côté du désespoir et du questionnement, nous avons marché de 6h à 21-22h les deux premiers jours, nous avons une étape de retard, des douleurs aux épaules, au dos et aux pieds, Mathilde commence à perdre ses ongles d’orteil, nous avons consommé à peu près la moitié de notre stock de barres énergétiques en ne mangeant quasiment que ça matin, midi et soir, nous avons dû faire un bivouac interdit le premier soir, utiliser la lampe frontale le deuxième, et bon sang qu’est-ce qu’on fait là au lieu d’être sur un transat ?

Nous faisons rapidement ce constat à 6h30 lorsque sonne le réveil, et dans un moment de lucidité, nous décidons de prolonger notre nuit jusqu’à 8h. De toute façon, nous avons déjà prévu de ne faire qu’une seule étape. C’est une décision un peu difficile parce qu’un hôtel nous attend au bout du GR20, à compter du mercredi soir (à Conca) puis du jeudi soir (près de Porto-Vecchio)… mais nous avons prévu d’avoir 2 demi-journées potentielles de retard initialement, soit pile ce que nous aurons consommé à partir du 3ème jour de randonnée, donc tout n’est pas perdu !
Bref, nous nous posons sur le balcon du refuge à 8h30, face à notre premier petit-déjeuner et notre jus frais d’oranges pressées qui nous rappelle que oui, malgré les ampoules aux pieds, ce sont bien les vacances ! Aïe.

Nous partons à 9h, ce qui nous ferait donc arriver à 16h30 selon le guide.
Nous empruntons aujourd’hui la Pointe des Eboulis ; avant 2015, il s’agissait d’une « variante alpine » (plus longue et avec plus de dénivelé) par rapport au parcours normal, qui passait par le célèbre Cirque de la Solitude (plus technique). Depuis juin 2015, suite au décès de 7 randonneurs dans le Cirque, la variante alpine est devenue la voie normale.
Comme il est un peu tard pour les randonneurs, à 9h, nous ne croisons ni membre du refuge, ni randonneur sur le départ ; nous en voyons toutefois quelques-uns remonter une ancienne piste de ski, « face à l’hôtel », là où est annoncé le début de l’itinéraire. Nous demandons confirmation à un promeneur Corse, qui nous dit que nous pouvons prendre cette piste-là ou celle parallèle, et que nous trouverons une rivière à longer en haut, pour rejoindre tous les autres randonneurs.

Nous ne voyons pas de marques, alors qu’il y en avait tous les 50 mètres lors des deux premiers jours – nous mettons ça sur le compte du changement d’itinéraire récent mais trouvons ça louche quand même… Après 10 minutes de montée de piste de ski (100m de dénivelé quand même), nous demandons à un couple de Corses promenant leur chien… L’homme nous confirme que nous sommes sur la bonne voie, et qu’il faut « longer la rivière ». Nous voyons quelques traits rouge et blanc ici et là, mais à moitié effacés par le temps. Serait-ce l’ancienne voie du Cirque de la Solitude ? Après une dizaine de minutes sur ce parcours, nous décidons de faire demi-tour… Nous retombons sur le même homme, à qui nous faisons part à de nos doutes.

– C’est par là, pourquoi vous êtes redescendus ?! Je vous ai dit, c’est là-bas !
– Oui mais il n’y a pas de marquage… Nous cherchons la « nouvelle voie » ,  parce qu’ils ont changé avec le Cirque qui est fermé…
– Mais si, si ! C’est tout droit, à droite de la rivière, vous montez dans le bois, ça ramène au col. Vous ne pouvez pas vous tromper !

Bon… C’est un Corse, il doit bien connaître les montagnes de son pays.
Nous remontons donc, pour nous enfoncer plus profondément dans le sous-bois. A force de grimper, nous tombons sur des marquages blanc-rouge clairement barrés de peinture grise. Nous redescendons donc tout, jusqu’au refuge, ravis de cette petite mise en jambe…
En redescendant la piste de ski, nous avons confirmation que nous étions partis sur la voie « Cirque de la Solitude », et que la variante « alpine » était face à l’hôtel… mais l’autre face disons.

Nous partons à 10h20, ce qui nous ferait donc arriver à 17h50 selon le guide. Mais au moins, nous partons bien échauffés. Et puis, nous pouvons re-remplir à la source nos poches à eau et gourdes (2l + 1l), c’est pratique.

Le trajet est notamment marqué par l’une des pires montées du GR20, dans des gravats qui glissent sous nos pas… C’est aussi agréable que monter dans une dune de sable fin de plusieurs centaines de mètres avec un chargement de plus de 10 kg, sous un soleil méditerranéen entre 14h et 16h30.
Nous arrivons alors à la bien-nommée Pointe des Eboulis (2607m, le sommet du GR20), où nous discutons pour la première fois avec un randonneur. C’est la deuxième fois que celui-ci fait le GR20 – il y a 5 ans, il a dû arrêter avant Vizzavonna à cause de douleurs de genoux.

« Finalement, j’y suis revenu… Si on ne le finit pas, le GR20 nous rappelle toujours. »

Nous voulons bien le croire ! Les paysages sont superbes et le défi est intéressant – à la fin, on peut même faire une photo près d’un panneau « finisher » ! Lui a poussé jusqu’au point culminant de Corse, le Monte Cintu (2706m), à 1h de là ; nous ne le faisons pas, parce que nous avons déjà un peu de retard et que nous aimerions bien arriver sans utiliser notre lampe frontale pour une fois, histoire d’avoir encore un peu de batterie à la fin du séjour. Le randonneur nous propose de redescendre avec lui, mais nous ne voulons pas le retarder.

Après 4h30 de descente, nous arrivons à 21h au refuge de Tighjettu. Il est trop tard pour avoir le « repas du soir », mais au moins l’épicerie est encore ouverte et nous pouvons faire l’acquisition d’une voluptueuse boîte de raviolis (globalement, acheter une boîte de raviolis dans notre état sur le GR20, c’est un peu comme trouver l’Arche Perdue et recevoir en prime le Graal parce que c’est la période des soldes). Nous utilisons enfin un réchaud dans un refuge ; nous faisons enfin chauffer un de nos dix paquets de soupe lyophilisées que nous avons embarqué par inutile précaution ! (Inutile car soit nous sommes hors refuge sans feu et avec une réserve d’eau à ne pas gâcher – dans quel cas, c’est trop lyophilisé pour être mangé -, soit nous sommes dans un refuge et nous avons une épicerie pour se restaurer… nous en ramènerons les 3/4 d’ailleurs !).
Nous achetons également des mars, des pom’potes, du coca et de l’orangina : tout ça constituera au fil des refuges nos aliments principaux du GR20. Enfin, nous prenons également nos deux places de bivouac.

– Et c’est quelle place du coup, que j’achète là ?
– Oh, non, il n’y a pas de place attitrée ! C’est là où vous en trouvez, il y en a plein.
– Ah, d’accord, super ! (smiley content, on a fini l’étape la plus dure).

Nous finissons donc notre journée de la loose comme nous l’avons commencée : en faisant bêtement confiance aux gens.
Parce que quand on dit qu’on peut dormir près d’un refuge, il ne faut pas imaginer une grande plaine tranquille avec de belles allées bordées de fleurs. La plupart du temps, c’est un bout de montagne avec le dénivelé qui va bien, des cailloux ou des rochers à escalader pour aller au point d’eau, et éventuellement quelques endroits où il semble envisageable de poser une tente, voire de planter 2-3 piquets si vous avez de la chance. Le tout bordé d’excréments d’animaux. En fait, l’endroit pour dormir près du refuge sur le GR20, c’est une randonnée « assez difficile » dans une autre région de France.

Après avoir mangé, nous tournons donc pendant 15 minutes dans l’obscurité totale (avec nos lampes frontales, oui, merci de nous le rappeler), pour essayer de trouver un endroit où s’installer. Nous finissons par planter notre tente près du refuge, sur une quasi-place collée à une autre tente qui avait été laissée libre, par manque de place et/ou par proximité avec des déjections malodorantes car comme nous l’avons signalé ça n’est pas spécialement bordé de fleurs dans le coin.

Enfin, nous pouvons envisager de dormir… mais ce serait sans compter sur le vent qui souffle toute la nuit, les 116 fois où Michaël répète « elle va s’envoler, c’est sûr, zut j’aurais dû mieux apprendre à la fixer » en repensant à cette vidéo, ou son matelas qui se crève et le laisse dès le milieu de nuit sur le sol caillouteux.
Bref, ça n’était pas une bonne place.

Demain, nous verrons comment nous avons abordé la suite du parcours après la nuit la moins récupératrice du séjour !

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D’après les guides qu’il ne faut pas croire…
Etape 4 : D’Ascu Stagnu (1425m) à Tighjettu (1683m) : 1300m de dénivelé (1050m de descente) sur 8,6 km, prévu en 7h30 environ. Demain, nous vous raconterons comment le guide peut se planter encore davantage…  

(Petite note : nous avons ajouté 3 photos sur le diaporama de J1, pour montrer la taille de nos sacs et nos têtes du départ avec les lampes frontales qu’on ne pensait pas utiliser si tôt et si souvent…)

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Le GR20 – J2 – De Bocca di Pisciaghja à Ascu Stagnu

Mercredi 26 juillet

De 15h20 à 20h20 la veille, nous n’avons parcouru que la moitié de l’étape 2…
Nous repartons donc le matin à 6h15 et nous marchons 6h pour arriver vers 12h30 au refuge de Carrozzu, après une longue descente. Nous commençons à râler contre les guides papier, contre l’éloignement des refuges, voire contre le GR20 pour l’ensemble de son oeuvre. Nous nous posons également des questions sur notre vitesse de marche (11 heures pour une étape censée durer 6h…)
Nous prenons au refuge notre premier vrai repas depuis 36h ; en effet, nous n’étions pas prêts à bivouaquer sauvagement la première nuit, donc le repas du soir et le petit-déjeuner étaient constitués de barres énergiques (ces barres à base de fruits et de céréales pour lesquelles il est plus important d’avoir beaucoup de calories en peu de place, plutôt qu’avoir juste un bon goût…). Après avoir goûté la charcuterie corse, nous nous brossons les dents, également pour la première fois en 36h… Il ne nous aura pas fallu 2 jours pour retourner à un état semi-sauvage (ce qui montre bien l’invraisemblance des films de zombie où les survivants continuent à avoir des vêtements propres qui sentent la lavande pendant plusieurs mois). Nous repartons vers 15h en direction du prochain refuge, requinqués et presque motivés.

L’itinéraire de l’après-midi commence par une passerelle suspendue. J’ai une vidéo faite avec le classique syndrome de « la peur de faire tomber le téléphone portable » – nous vous montrerons tout ça après ! Le parcours est encore bien escarpé dans l’après-midi, quoique plus simple que les deux premiers jours. Un peu plus tard, vers 18h, nous croisons deux jeunes Belges, qui marchent rapidement… et sont en train de tripler la première étape, tout en piétinant avec allégresse notre moral ! (Et encore, ils ont pris du retard à cause de leur taxi en Belgique…).
Après un premier soir à bivouaquer, nous arrivons finalement au refuge d’Ascu Stagnu vers 22h, en finissant en sous-bois à la lampe frontale (le refuge est visible de très haut, pendant plus d’une heure avant d’y arriver – ce qui est encore très frustrant).
En arrivant au refuge, nous rencontrons un randonneur anglais. C’est l’un des premiers que nous croisons vraiment depuis le départ. Il nous indique un endroit où nous installer, tout au bout des aires normales de bivouac, là où l’Homme n’a jamais planté de tente auparavant – je caricature un peu, mais c’était un endroit jugé inadapté, avec des gros cailloux potentiellement gênants pour les matelas gonflables… (ce qui est amusant, c’est que c’est a posteriori notre 2ème meilleur lieu de bivouac du GR20, et pas encore là que mon matelas s’est percé).
(J’essaie de vous appâter pour revenir les jours suivants, vous avez vu ?)
Pour fêter notre arrivée (trop tardive pour passer à l’épicerie), nous festoyons généreusement avec des fruits secs (un cadeau de mariage bienvenu !) et d’autres victuailles de notre sac : des barres énergétiques ! \o/
Enfin, après avoir retiré nos godillots, nous clopinons en chaussettes malodorantes jusqu’à la salle de bains, pour prendre enfin notre première douche depuis 48h… car oui, définitivement, l’hygiène est au GR20 ce que le voyage dans le temps est au loto : on aimerait bien, mais on ne peut pas.

Demain, nous vous raconterons l’étape réputée la plus difficile du GR20 et comment nous avons réussi à la commencer 3h après tout le monde, histoire de corser tout ça. (Et j’ai ajouté le « mot du guide » sous les photos…)

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D’après les guides…
Etape 2 : De l’Ortu di Piobbu (1550m) à Carrozzu (1270m) : 900m de dénivelé (1180m de descente) sur 8,9 km, prévu en 6h environ (… sauf que la descente, c’est pire que la montée et qu’on perd un temps fou avec le poids de nos sacs, si on veut protéger un peu nos genoux). 

Etape 3 : De Carrozzu (1270m) à Asco Stagnu (1425m) : 930m de dénivelé (750m de descente) sur 6,1 km, prévu en 5h environ (on en a mis 7, avec beaucoup de perte de temps aussi dans les descentes…)

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Le GR20 – J1 – De Calenzana à Bocca di Pisciaghja

Mardi 25 juillet – J1
Comme les gens d’hier nous ont un peu mis la pression, nous nous levons finalement vers 5h et prenons le départ pour le GR20 à 5h45 (sans déjeuner, pour prévoir ça comme une pause vers 8h).
Nous voyons le premier refuge vers 12h, après 11 km de marche selon notre smartphone (soit environ la durée de l’étape prévue). Vu qu’il est très loin, nous nous demandons si c’est le premier ou le deuxième… Avons-nous doublé sans s’en rendre compte ? Ahahaha ! Nous découvrons rapidement que le GR20 est quand même beaucoup plus dur que ce qu’on imaginait – la première étape est toute en montée, avec quelques passages techniques (surtout avec 10 à 13 kg sur le dos).
Sur la route, nous croisons quelques « sudistes » (ou « randonneurs faisant le trajet du sud vers le nord »), qui font là leur dernière étape et n’en peuvent globalement plus du GR20.
Au refuge d’Ortu di u Piobbu, nous découvrons les toilettes sèches et avons un peu l’impression de nous éloigner de la civilisation telle que nous la connaissons. Avant de repartir, nous croisons quelques randonneurs « sudistes »…

– Vous avez pu commencer le GR20 ? Normalement, ils ont bloqué l’accès à cause des incendies !
– Ah ?!

Ah, en effet… La patronne de l’hôtel ne nous a rien dit et l’accès était aussi ouvert qu’une huître à Noël…
Nous ne restons pas et partons vers le 2ème refuge, en imaginant qu’il sera difficile de l’atteindre, mais en y croyant encore – l’optimisme des premières étapes, sans doute.
La deuxième étape est en fait bien pire que la première (probablement la 2ème pire de toutes). Nous achevons cette journée et nos jambes par une mémorable escalade de pierres de granit rose, que nous ne pouvons désormais plus voir qu’en peinture, sous une lumière tamisée et avec un remontant à la main.
Nous profitons d’un abri prévu à Bocca di Pisciaghja pour faire notre premier bivouac (c’est interdit, mais c’est ça ou marcher dans l’obscurité sur un parcours dangereux à J3 de notre mariage…) Nous avons donc fait 1,5 étape en 1 jour – et avons déjà du retard sur notre planning « le GR20 en 9 jours » !

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D’après les guides…
Etape 1 : De Calenzana (270m) à Ortu di Piobbu (1550m) : 1510m de dénivelé (300m de descente) sur 12,2 km, prévu en 6h environ.

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Le GR20 – J0 – De Lille à Calenzana

Comme promis, nous débutons ce 22 septembre notre récit de voyage avec quelques images sélectionnées pour vous ! Alors, je sais, nous avions peut-être laissé entendre que nous ferions un énorme billet récapitulant tout… Mais 1/ ça serait un peu fastidieux à lire ; 2/ nous sommes déjà le 22 septembre et le billet n’est pas encore tout à fait assemblé (le texte est prêt au stade de brouillon et les photos triées quand même !)

Nous vous proposons donc une toute nouvelle aventure sur ce blog : un billet par jour pendant 12 jours ! C’est parti !

Lundi 24 juillet – J0
Un peu avant midi, nous partons de Lille Flandres vers l’aéroport de Roissy. C’est un très bon compromis, pour éviter de traverser Paris en RER… Sur place, au moment d’enregistrer les bagages, l’hôtesse nous dit que notre vol est annulé à cause des vents et incendies, et qu’il est remplacé par un vol atterrissant à Bastia… où une navette nous déposera à Calvi en 2h. Notre voyage de noces commence fort !
Finalement, la navette permet de nous faire découvrir la côte septentrionale de l’île, que nous n’aurions pas vue sinon. Nous arrivons à Calvi avec 2h de retard, et nous devons donc commander un taxi pour rejoindre notre point de départ : Calenzana. Nous partageons le véhicule avec une jeune ultra-traileuse : elle sort d’une course de 90 km et prévoit de faire le GR20 en 16 jours car il n’est pas question pour elle de doubler les étapes !

– Et vous, alors, vous voulez faire ça en 9 jours ? Mais c’est quoi votre préparation ?
– Euh, on vient de se marier… ?

Le chauffeur de taxi, ancien footballeur professionnel corse, nous dit également que 16 jours c’est la bonne durée et qu’on ne le fera sûrement pas en moins… Autant de messages sibyllins que nous ignorons !
Nous mangeons des pizzas au restaurant de Calenzana, « le GR20 ». A l’hôtel, nous préparons nos sacs pour la randonnée (comme ce sont notre seul bagage pour tout le séjour, il faut y ranger le petit bagage à main que nous avons pris pour l’avion par exemple !) Après une petite difficulté pour réussir à enclencher les bâtons de marche de Michaël, nous sommes enfin prêts !

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(Le billet de demain est déjà programmé… à très vite ;-))

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